«C’est un complément de revenu» : Tut Tut, la start-up française qui révolutionne la livraison grâce aux particuliers
«C’est le principe de Blablacar , mais pour la livraison». C’est comme ça que Vincent Chabbert, le fondateur de Tut Tut, décrit la plateforme collaborative qu’il a lancée en 2021. Le concept est simple : faire appel à des particuliers pour livrer vos colis. N’importe quel automobiliste peut s’inscrire sur la plateforme pour réaliser des livraisons compatibles avec ses trajets quotidiens.
Pour Vincent Chabbert, ancien hôtelier avignonnais, tout a commencé par hasard en 2019. Alors qu’il a repéré un jouet qu’il souhaite offrir à sa fille pour Noël, celui-ci se retrouve en rupture de stock le 23 décembre. Vincent Chabbert parvient à retrouver le jouet sur Le Bon Coin, mais malheureusement beaucoup trop loin de chez lui. En prenant l’autoroute, il aperçoit alors une voiture avec un autocollant «Blablacar» encombrée de cartons. «Je me suis dit que si cette voiture avait pu transporter mon colis sur le modèle d’un Blablacar, ça aurait été super», se souvient-il. L’idée de Tut Tut est lancée.
Le jeune entrepreneur commence par conclure un accord avec Intermarché. Les clients passent leur commande en ligne auprès de l’enseigne, et d’autres clients inscrits sur Tut Tut et qui font leur courses en voiture profitent de leur trajet pour réaliser la livraison. «C’est Intermarché qui faisait notre pub», explique Vincent Chabbert. «Ils disaient à leurs clients : vous pourriez prendre un panier en plus dans votre voiture, et le déposer à votre voisin qui a passé commande». Le bouche à oreille fait le reste et, trois ans plus tard, Tut Tut travaille avec 1.000 points de vente en France, pour des enseignes aussi variées que Carrefour, Leclerc, Super U et Auchan.
Un «complément de revenus»
220.000 particuliers se sont aussi inscrits sur la plateforme pour assurer des livraisons. L’idée est la suivante : ils renseignent les endroits où ils se trouvent régulièrement (domicile, lieu de travail), ainsi que le périmètre qu’ils peuvent couvrir. Ils reçoivent ensuite des notifications des grandes enseignes leur proposant des livraisons, qu’ils sont libres d’accepter ou non, puis se rendent directement dans le magasin pour récupérer le colis. La rémunération fluctue de 5,25 euros à 25 euros, en fonction de la taille du colis et de la distance parcourue.
«Nous ne cherchons pas la professionnalisation de nos livreurs, bien au contraire», confie Vincent Chabbert. «Le but est d’utiliser les trajets quotidiens réalisés par les gens, et pas de créer des professionnels à plein temps.» Le profil-type du livreur Tut Tut est ainsi très parlant : une majorité de femmes, souvent entre 30 et 55 ans. La plateforme contacte aussi en priorité les livreurs qui n’ont pas réalisé de courses depuis longtemps, afin d’éviter qu’un chauffeur fasse plusieurs livraisons par jour. «C’est un complément de revenus, et non pas un salaire. Un livreur Tut Tut gagne en moyenne 150 euros pour dix courses effectuées», souligne-t-il.
Et, de fait, le prix du service est imbattable : 8 euros par course en moyenne. Sans compter que le service est assez écologique, puisqu’il évite de multiplier les trajets en voiture. «Nous sommes aussi présents dans toute la France rurale, où peu de services sont disponibles», affirme Vincent Chabbert. «C’est important pour moi d’offrir un service économique, écologique et social.»
L’ancien directeur d’Amazon Europe tenté par l’aventure
Depuis un mois, la plateforme s’offre aussi le luxe de se passer des grandes enseignes. Un nouveau service permet ainsi à un particulier de se faire livrer en inscrivant son colis directement sur la plateforme. Par exemple, si vous devez aller récupérer un canapé dans un point de vente mais que vous n’avez pas de véhicules de taille suffisante, il est possible de rentrer son bon «Click and collect» en ligne sur Tut Tut. La plateforme contacte en huit secondes en moyenne un chauffeur avec un véhicule adapté, qui vous livre sur des créneaux horaires que vous pouvez choisir.
L’entreprise affiche une belle progression. De 19.000 euros de chiffre d’affaires en 2021, elle est passée à 6 millions en 2024 et anticipe le double cette année. La start-up a aussi recruté comme Directeur général Pierre-Étienne Montenot, expert de la logistique et ancien directeur d’Amazon Europe. De quoi bien accompagner la croissance de cette jeune entreprise française.