Angleterre : l’homme suspecté d’avoir poignardé trois fillettes en juillet dernier inculpé pour infraction «terroriste»

Un jeune homme accusé d'avoir poignardé à mort trois fillettes fin juillet en Angleterre, attaque qui avait déclenché de violentes émeutes, a été inculpé pour infraction «terroriste» après la découverte d'un manuel d'Al-Qaïda à son domicile, a annoncé la police britannique mardi. Il a aussi été inculpé pour avoir fabriqué de la ricine, un poison très puissant. Le meurtre des fillettes de 6, 7 et 9 ans, le 29 juillet à Southport (nord-ouest de l'Angleterre) lors d'un cours de danse inspiré de la star de la pop Taylor Swift, avait choqué le pays et déclenché les pires émeutes en Angleterre depuis 13 ans.

De violentes manifestations anti-immigration avaient eu lieu dans des dizaines de villes, attisées par des agitateurs d'extrême droite sur fond de rumeurs sur internet concernant le suspect. Il avait été présenté à tort comme un demandeur d'asile musulman alors qu'il est né au Pays de Galles dans une famille originaire du Rwanda. La piste terroriste n'a pas été retenue dans l'enquête sur les meurtres, et les motivations de l'auteur présumé, Axel Rudakubana, âgé de 18 ans, restent inconnues. Mardi, la police a cependant annoncé de nouveaux chefs d'inculpation contre lui, après des perquisitions à son domicile dans les jours qui ont suivi l'attaque de Southport.

Axel Rudakubana est accusé d'avoir produit de la ricine, un poison retrouvé à son domicile, a indiqué Serena Kennedy, responsable de la police du Merseyside, dans le nord-ouest de l'Angleterre. Le jeune homme est également inculpé pour «détention d'informations (...) susceptibles d'être utiles à une personne commettant ou préparant un acte de terrorisme», a-t-elle ajouté, en précisant qu'il s'agit d'un manuel d'entraînement d'Al-Qaïda. Axel Rudakubana doit comparaître mercredi devant la justice dans le cadre de ces nouvelles charges. Le procès pour l'attaque de Southport est lui prévu en janvier. Le jeune homme est inculpé pour le meurtre des trois fillettes ainsi que pour avoir blessé huit autres enfants et deux adultes.

L’opposition conservatrice demande des comptes

«À l’heure actuelle, la police antiterroriste n'a pas déclaré que l'attaque du lundi 29 juillet était un incident terroriste», a rappelé Serena Kennedy lors d'une conférence de presse mardi. «Je reconnais que les nouvelles accusations peuvent donner lieu à des spéculations», a-t-elle admis. Selon Serena Kennedy, il n'y avait pas de ricine sur le lieu de l'attaque. «Nous déconseillons vivement à quiconque de spéculer sur les motivations de cette affaire», a ajouté la responsable de la police. «Je vous demande d'être patient, de ne pas vous lancer dans des rumeurs et des spéculations et de ne pas croire tout ce que vous lisez sur les réseaux sociaux», a insisté Serena Kennedy à l'adresse du public.

Downing Street a rapidement dû nier avoir dissimulé au public des informations sur les attaques. «Les décisions d'inculpation et le moment où elles sont prises sont du ressort du parquet», a dit un porte-parole. Deux têtes d'affiche du parti conservateur, en compétition pour prendre la tête des Tories samedi, ont demandé des explications au premier ministre travailliste Keir Starmer. Il doit «de toute urgence expliquer au pays ce qu'il savait sur l'attaque de Southport et quand il l'a su», a déclaré l'un d'eux, Robert Jenrick. «La dure réalité de la migration de masse est dissimulée. Nous avons besoin de la vérité», a-t-il ajouté. Lors des violences anti-migrants et islamophobes fin juillet et début août, des émeutiers s'en étaient notamment pris à des hôtels où logeaient des demandeurs d'asile. La police a procédé à un millier d'arrestations. Des centaines de personnes ont été inculpées et plusieurs d'entre elles condamnées à des peines de prison ferme.