Biathlon : la Française Justine Braisaz-Bouchet sacrée championne du monde de sprint
Il ne faut jamais enterrer le cœur d’une championne. Même en difficulté depuis le début de la saison, Justine Braisaz-Bouchet a gardé la foi. Et ce vendredi, elle renaît de ses cendres au meilleur moment, lors des Championnats du monde à Lenzerheide (Suisse). Sur une épreuve, le sprint, où elle restait sur une médiocre 16e place à Antholz il y a à peine trois semaines, une course à l’issue de laquelle elle ne s’était pas épargnée au micro de la chaîne L’Équipe : «Là, je suis minée. Ça me fait très très mal, une fois de plus. Aujourd’hui, je passe à côté. Je n’ai pas suffisamment assumé mon tir. Je suis arrivée sur le pas de tir en assurant. Je sais très bien que ça ne paie pas mais c’est plus fort que moi. C’est un début de saison très dur. Loin de ce que j’attends. Là, je jouais le podium, peut-être la gagne sur le debout et je n’ai pas du tout assumé. J’ai pris un sacré coup sur la tête.»
Dans ces cas-là, chaque athlète a face à elle une alternative, simple : couler ou rebondir. Bonne nouvelle pour l’équipe de France et elle-même, la Française, championne olympique de la mass start lors des Jeux de Pékin en 2022, a opté pour la seconde option. Avec la manière et une forme de résilience admirable. En effet, il fallait être particulièrement optimiste pour croire à un tel happy-end à l’issue du premier tir couché. Après avoir manqué une cible, Justine Braisaz-Bouchet pointait ainsi au 15e rang à plus de trente secondes de la leader du classement général de la Coupe du monde, Franziska Preuss. Un écart qui paraissait rédhibitoire. Et pourtant…
En verve sur les skis, la Française parvenait à réduire l’écart d’une poignée de secondes. Avant de réaliser un 5 sur 5 magique à l’exercice debout, là où l’Allemande Preuss commettait une faute. Revenue à la troisième place avec un retard de seulement trois secondes, Justine Braisaz-Bouchet réalisait un finish d’anthologie pour prendre la tête et s’imposer finalement avec 9’’8 d’avance sur sa rivale, totalement débordée par le TGV savoyard. Un triomphe qui lui permet de décrocher un 4e titre mondial carrière, le second sur une épreuve individuelle après son sacre en mass start il y a un à Nove Mesto. À 28 ans, la Française donne raison à son entraîneur en équipe de France, Cyril Burdet, qui avait déclaré à son sujet et à celui de sa coéquipière Julia Simon (7e lors de ce sprint) : «Je ne crois pas qu’il faille les enterrer.»
Je pense que c’est l’une de mes victoires qui me touche le plus, certainement en raison des combats que je menais intérieurement depuis quelque temps.
Justine Braisaz-Bouchet
«Je suis très émue», confiait-elle sur la chaîne L’Equipe après son exploit. «Je pense que c’est l’une de mes victoires qui me touche le plus, certainement en raison des combats que je menais intérieurement depuis quelque temps. Ces dernières semaines ont été hautes en couleur, j’ai ressenti beaucoup de fatigue physique et mentale lors du mois de janvier. Et en plus sur ce sprint, jusqu’au dernier intermédiaire, je ne croyais pas du tout à la victoire.» 6e de ce sprint, Lou Jeanmonnot, elle, ravalait sa déception pour célébrer sa partenaire : «Je suis très contente pour Justine. Je ne savais pas trop dans quel état d’esprit elle était, mais je savais qu’elle pouvait s’en sortir de sa mauvaise boucle. Je suis très énervée, car j’étais 100% sur la défensive toute la course. J’ai détesté ma course. Je me suis laissée submerger par ces conditions moyennes. Je suis restée dans le négatif tout le long.» Il s’agit de la deuxième médaille d’or en deux courses pour la France sur ces Mondiaux, deux jours après le titre en relais mixte. À voir si un troisième suivra dès ce samedi à l’occasion du sprint hommes.
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