Robert Badinter, à la recherche d'un temps perdu

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Robert Badinter Jean-Christophe Marmara/JC MARMARA / LE FIGARO

ENQUÊTE - L'ancien garde des Sceaux publie un « témoignage d'amour » à sa grand-mère maternelle, Idiss. Une manière de célébrer un monde évanoui, le «Yiddishland» d'où elle venait. Mais aussi, à 90 ans, de dire qui il est. Avec émotion et pudeur.

Ici tout est calme, culture et luxueuse sobriété. Robert Badinter nous reçoit dans le bureau-bibliothèque de son appartement du VIe arrondissement de Paris, habité jusqu'en 1972 par Jacqueline de Romilly. Les fenêtres donnent sur les jardins du Luxembourg et ses arbres aux feuilles mordorées. Des tons automnaux assortis au subtil camaïeu de beige de ses vêtements. Manque juste, on s'en étonne, le petit ruban rouge de la Légion d'honneur, au revers de sa veste en tweed. Il confirme: il a toujours refusé de recevoir le moindre ruban, à l'instar de son maître, l'avocat Henry Torrès, qui estimait, en se frappant le poitrail, que n'étaient recevables que «les décorations que l'on gagne sur les champs de bataille, avec son sang».

Allure altière de grand bourgeois, de patricien contemporain et stature de caution morale d'une gauche devenue aphone, l'ancien président du Conseil constitutionnel a, lui, la voix intacte. Et la parole d'autant plus précieuse qu'elle est rare. Il s'exprime toujours avec…

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