TÉMOIGNAGES. "Ils répètent les crimes de 1948" : 76 ans après la Nakba, les Palestiniens ont l'impression que l'histoire recommence

Le 15 mai est une date qui marque une "catastrophe" pour les Palestiniens. Chaque année, ils commémorent la Nakba de 1948 quand 750 000 personnes ont dû partir de chez eux après la création d’Israël. Un exil forcé et une déchirure avec le sentiment aujourd’hui pour les Palestiniens que l’histoire se répète avec la guerre dans la bande Gaza.

Une clef, c’est tout ce qu’il reste à Adnan. Tout ce qu’il a pu emporter avant de fuir sa maison à Gaza. Il a fermé la porte puis il est parti, se déplaçant au rythme des attaques. D’abord dans le Nord, puis à Khan Younes, ensuite à Rafah pour vivre dans une tente. Mais il y a dix jours, il a pu quitter l’enfer juste avant la fermeture du terminal. Désormais au Caire, avec sa mère et un de ses frères, Adnan se sent vide, perdu, en exil : "Je me sens comme mon grand-père durant la Nakba, quand ils sont partis de chez eux. Je me sens triste parce que quitter notre maison était si dur. On l’aimait tant. On voulait y rester. J’ai gardé les clefs. On veut tous rentrer chez nous."

"On ne veut pas vivre comme mon grand-père. Quand ils sont partis de chez eux, ils ne sont jamais revenus. Donc on attend de pouvoir rentrer chez nous, Inch'allah."

Adnan, Gazaoui

à franceinfo

Les Gazaouis toujours piégés dans l’enclave ont le sentiment de vivre une "Nakba de l’intérieur". Une errance qui dure depuis des mois aux grés des frappes et des offensives israéliennes comme pour Youssef et sa famille. "Après Gaza, je suis allé à Deir al Balah, raconte Youssef. J'ai passé presque trois mois là-bas, puis je suis parti à Rafah et maintenant je suis retourné à Deir al Balah où j'ai été la première fois. Maintenant, il faut donc chercher une tente pour mes enfants. Je vais recommencer le travail. Même les chats ne trouvent rien à manger. Même les chats crient."

La Nakba de 1948 ce n’est pas uniquement l’exil, mais aussi les destructions et les massacres. Pour Ibrahim Matar, historien palestinien, l’histoire se répète : "Ce qu'ils font à Gaza, ils détruisent des maisons, la plupart des personnes qui ont été tuées à Gaza sont des femmes et des enfants. C'est un grand crime. Ils répètent les crimes qu'ils ont faits en 1948." Selon l’ONU près de 450 000 Gazaouis ont été déplacés depuis le 6 mai.