Incendies en Espagne : le principal parti d’opposition propose de créer un registre national des pyromanes
Le Parti Populaire (PP), parti de droite et principale force d’opposition en Espagne, a présenté devant le Parlement ce lundi 26 août, un plan de 50 mesures pour mieux faire face aux incendies que son leader, Alberto Núñez Feijóo, décrit comme une «crise nationale», selon le quotidien de centre droit espagnol El Mundo . Parmi elles, il propose la création d’un registre national des pyromanes, l’imposition du bracelet électronique à ces derniers, ainsi que l’intervention immédiate et automatique de l’État, avec tous ses moyens - y compris l’armée si nécessaire - sans attendre de demande officielle des régions autonomes.
Pendant que la bataille politique s’intensifie, les feux continuent de dévaster plusieurs régions du pays, telles que la Galice, les Asturies, Castille-et-León, et, depuis cet après-midi, Guadalajara, selon le média espagnol Antena 3. Au total, environ 400.000 hectares sont déjà partis en fumée, faisant de cet été l’un des pires en matière de feux de forêt depuis 30 ans.
Passer la publicitéDes bracelets électroniques pour les pyromanes
Parmi les mesures phares – et déjà polémiques – proposée par le PP, la création d’un registre national des pyromanes recenserait toutes les personnes condamnées pour avoir provoqué des incendies en Espagne et imposerait le port de bracelets électroniques afin de pouvoir les localiser en temps réel, rapporte El Mundo. Alberto Feijóo a défendu cette proposition lors d’une conférence de presse au siège national du parti, rappelant que «depuis juin, la Guardia Civil et la Police nationale ont arrêté 41 personnes pour avoir provoqué, d’une manière ou d’une autre, des incendies et que 127 autres font encore l’objet d’une enquête», selon les données du ministère de l’Intérieur.
Le PP propose également que le gouvernement puisse intervenir immédiatement dès qu’une situation devient urgente, sans attendre la demande officielle des régions. L’Espagne est divisée en régions autonomes qui sont responsables de leur propre sécurité et de la protection civile, contrairement à la France où le gouvernement central intervient directement. Avec les propositions du PP, tous les moyens de l’État – pompiers nationaux, moyens aériens et même l’armée – pourraient ainsi être mobilisés automatiquement dès le début de l’urgence pour lutter contre les incendies. Alberto Feijóo a souligné qu’«il ne peut plus arriver que les communautés autonomes soient seules à devoir se coordonner entre elles», estimant qu’une mobilisation rapide de l’armée aurait été déterminante dans les premiers jours, a rapporté El Mundo.
Une mobilisation au «compte-goutte» de l’armée
Pour le PP, le principal problème dans la gestion des incendies réside dans la lenteur de la réaction gouvernementale. Selon Alberto Feijóo, «il est apparu clairement que l’exécutif, en dehors de l’Unité militaire d’urgence (UME), ne s’est pas impliqué dans la coordination avec les autres communautés autonomes pour mettre à disposition ses moyens d’extinction avant le cinquième jour» des incendies déclenchés en Galice, en Castille-et-León et en Asturies.
Alberto Feijóo accuse également l’exécutif de Pedro Sánchez d’avoir «échoué dans sa prévision» et de ne pas avoir «mobilisé tous les moyens nécessaires pour éviter que la crise prenne l’ampleur que nous avons constatée». Il dénonce aussi la mobilisation «au compte-gouttes» des capacités logistiques de l’armée et rappelle que le pays dispose aujourd’hui de «moins de moyens aériens que l’année dernière».
«Manque de moyens de l’État»
Le gouvernement a rapidement réagi à ce plan proposé par l’opposition. Le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a accusé Alberto Feijóo de «manque de sérieux» et de «méconnaissance» sur ce sujet, a rapporté le média espagnol Cadena SER. Le porte-parole du PSOE (parti socialiste), Patxi López, a critiqué la proposition de Alberto Feijóo en affirmant que certains dirigeants du PP «auraient eux-mêmes eu besoin d’un bracelet électronique» pour que l’on sache où ils se trouvaient lorsque leurs régions autonomes avaient besoin d’eux.
Passer la publicitéCes critiques illustrent deux visions distinctes de la crise. Le gouvernement de Pedro Sánchez, de son côté, insiste sur l’importance du changement climatique comme facteur central de la multiplication et de l’intensité des incendies. À l’inverse, le PP met l’accent sur la responsabilité des pyromanes et sur ce qu’il qualifie de «manque de moyens» et de «retard dans la réaction» de l’État central, décrypte El Mundo.