Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a plaidé jeudi pour un «partenariat franco-chinois puissant» face au contexte géopolitique, lors d'une visite à Pékin où il doit aborder le conflit en Ukraine et les tensions commerciales avec son homologue Wang Yi. La Chine a dit espérer que la visite du chef de la diplomatie française permettrait aux deux pays d'approfondir leur coopération dans un monde confronté à «des turbulences et des transformations».
Pékin a également affirmé que les deux parties discuteraient des moyens de «résister conjointement à l'unilatéralisme et à la résurgence de la loi de la jungle», en référence au retour du président américain Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.
Paris a de son côté fait avoir que les discussions porteront sur la résolution du conflit russo-ukrainien ainsi que sur le Moyen-Orient et sur les tensions commerciales entre la Chine et l'Union européenne. «Plus que jamais, le contexte actuel exige un partenariat franco-chinois puissant au service de la stabilité géopolitique, de la prospérité et de l'avenir de notre planète», a estimé Jean-Noël Barrot au début de sa visite jeudi matin, devant des étudiants à l'université des langues et des cultures de Pékin.
Pékin et Moscou, l’alliance qui dérange
La France et la Chine ont cherché à renforcer leurs liens ces dernières années, mais Paris a également confronté Pékin sur ses liens avec Moscou, qui se sont resserrés depuis la guerre en Ukraine. La Chine n'a jamais condamné l'invasion russe.
Elle se présente comme une partie neutre dans la guerre et affirme qu'elle n'envoie pas d'aide létale à l'un ou l'autre camp, contrairement aux États-Unis et à d'autres pays occidentaux. Mais la Chine est une proche alliée politique et économique de la Russie, et les membres de l'Otan ont qualifié Pékin de «facilitateur décisif» de la guerre.
«Consolider la confiance»
M. Barrot doit tenir dans la journée une conférence de presse avec Wang Yi à la somptueuse résidence d'État de Diaoyutai, avant de rencontrer un autre haut responsable chinois, dont le nom n'a pas été dévoilé, dans l'après-midi. Pékin espère que cette visite officielle puisse «consolider la confiance politique mutuelle» entre les deux pays.
Le ministre français se rendra ensuite à Shanghai, où il doit inaugurer vendredi une usine de production d'hydrogène construite par le groupe français Air Liquide, et participer à un forum d'affaires franco-chinois. La visite de M. Barrot en Chine s'inscrit dans le cadre d'une tournée plus large en Asie, au cours de laquelle il s'est rendu en Indonésie et à Singapour.
La menace d'une agression russe en Europe n'est «pas théorique», a-t-il déclaré mardi depuis la cité-Etat d'Asie du Sud-Est, après que l'envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff a affirmé dimanche sur Fox News ne pas croire à une telle éventualité.