REPORTAGE. "Beaucoup de tristesse, pas mal d'agacement et un peu d'inquiétude..." : au Congrès des maires, le flou autour du budget est dans toutes les têtes

Une "purge" pour les finances des communes : c'est ce que craignent les responsables de l'Association des maires de France (AMF), qui organise en ce moment son rendez-vous annuel. Le Congrès des maires, dont la 107e édition se tient porte de Versailles à Paris, est, comme souvent, un moment de concertation et de revendications pour les élus locaux. Au cœur des conversations, cette année, les débats budgétaires au Parlement.

Les élus croisés dans les allées l'assurent : ils gardent tous un œil inquiet sur les débats à l'Assemblée. "Beaucoup de tristesse, pas mal d'agacement et un peu d'inquiétude...", confie Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, résume l'état d'esprit d'un bon nombre de ces collègues.

"Des centaines de milliers d'euros sont supprimées des budgets communaux"

Impossible de savoir ce que l'Etat leur versera l'année prochaine, d'autant que le Dilico, le Dispositif de lissage conjoncturel, va alléger les ressources de certaines communes pour la deuxième année de suite. "Ce dispositif de lissage doit contribuer aux trous du budget national... Le projet de loi de Finances du gouvernement impacte beaucoup plus lourdement ces mêmes communes. Donc ça a été suspendu par les débats à l'Assemblée nationale. Est-ce que ça va revenir au Sénat ?", s'inquiète Fabrice Robelet, maire de Brec'h, dans le Morbihan. Qui glisse : "Vous voyez, toutes ces incertitudes-là, ce sont des dizaines, des centaines de milliers d'euros qui sont supprimés des budgets communaux..."

Nous avons tous déjà fait des économies de fonctionnement et reporter des investissements, assurent les élus locaux. Exemple : l'école ne sera toujours pas rénovée à Saint-Symphorien, dans les Deux-Sèvres, se désole Fabrice Barreault.

"À un moment donné, il faut arrêter ! On nous demande de faire beaucoup d'efforts, de nous taxer toujours plus."

Fabrice Barreault, maire de Saint-Symphorien

à franceinfo

"Et si on coupe les vivres aux communes, qui sont la source d'investissements pour nos entreprises, des gros projets de construction, de voiries... Les entreprises vont finir par toutes fermer. C'est plutôt très inquiétant pour notre pays", s'agace l'élu.

André Laignel, le premier vice-président de l'Association des maires de France acquiesce : c'est au moins la quatrième année de suite que les versements de l'Etat baissent. "C'est de pire en pire ! Nous sommes à la fois devant des mensonges par omission de l'État et devant des soustractions qui mettent en danger le développement de l'ensemble de nos collectivités. L'an passé, on nous annonçait 2,2 milliards en moins. Ça s'est révélé d'ailleurs en réalité sept, à l'arrivée. Cette année, on nous annonce 4,6. Ça va être au minimum huit !".

Un message qu'André Laignel va pouvoir adresser directement au premier ministre, Sébastien Lecornu vient s'exprimer devant les élus, jeudi.