François Bayrou, "l'heure de vérité"
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A la Une de la presse, la grosse semaine de François Bayrou, qui doit prononcer demain son discours de politique générale devant une Assemblée nationale toujours sans majorité.
«Bayrou, la semaine de tous les dangers»: d’après La Dépêche du Midi, le Premier ministre va devoir «faire des gestes en direction des socialistes, notamment sur l’épineuse réforme des retraites», «s’il veut échapper à une motion de censure». La Croix annonce «l’heure de vérité», pour François Bayrou, entré en politique dans les années 80 et qui voit enfin arriver l’heure de «concrétiser sa foi dans le compromis» et «son combat pour l’avènement d’un «grand centre»». Un compromis dont le patron des socialistes esquisse les contours dans Libération, où Olivier Faure annonce vouloir «arracher des concessions pour les Français». Le premier secrétaire du PS, dit vouloir «la suspension de la réforme des retraites», mais aussi le «maintien de services publics», le «soutien à l’activité économique», une «bifurcation écologique», ou encore davantage de justice fiscale. «La bienveillance des socialistes, s’il parvient à la gagner, suffira-t-elle à sauver le soldat Bayrou?»: selon le journal belge Le Soir, «obtenir la mansuétude du parti à la rose, qui compte 66 députés, pourrait arithmétiquement suffire».
Ces concessions annoncées à la gauche déplaisent forcément à droite. Dans Le Parisien/Aujourd’hui en France, Laurent Wauquiez, le président du groupe Droite républicaine à l’assemblée prévient qu’il ne votera pas de budget comprenant des hausses d’impôt et déplore que le gouvernement «négocie une assurance-vie» auprès des socialistes, alors que ce qu’ils demandent est «irresponsable», et que «la France est au bord de la ruine». Pour Les Echos, les discussions entre le gouvernement et le PS «font penser à l'élaboration du Programme commun de 1972», qui avait abouti à l’élection de François Mitterrand en 81. «Plutôt que de chercher à baisser la dépense publique, la gauche et Bercy veulent augmenter les impôts et faire payer les entreprises et les plus riches, au risque d'un décrochage brutal de notre économie», cingle le quotidien économique. Le Figaro remonte encore plus loin dans le temps, en mettant en garde contre «les risques d’un «Munich» sur les retraites» - en référence aux accords conclus conclu entre les puissances occidentales et Hitler en 1938.
Sans transition, et pour terminer cette rubrique «politique», les regrets de Marine Le Pen, quelques jours après la mort de son père, Jean-Marie Le Pen. Le Monde rapporte que la cheffe de file du RN dit qu’elle ne se «pardonnera jamais» son exclusion de ce qui était encore le FN. En 2015, celle qui était devenue la présidente du parti d’extrême droite, avait exclu JM Le Pen après qu’il avait déclaré que «l’Occupation allemande n’avait pas été particulièrement inhumaine» et promis au chanteur juif Patrick Bruel, une «fournée».
La presse française revient aussi sur la situation à Mayotte, touchée par la tempête tropicale Dikeledi, moins d’un mois après le passage du cyclone Chido. Alors que le gouvernement avait annoncé, la semaine dernière, vouloir maintenir la rentrée scolaire à ce lundi 13 janvier, les vents et les pluies torrentielles de Dikeledi l’ont repoussée d’au moins une semaine. Mais la question est de savoir si les établissements pourront fonctionner. Le Figaro indique que beaucoup d’agents de l’Education manquent toujours à l’appel, parce qu’ils ne peuvent pas revenir à Mayotte, que selon les estimations officielles, 40% des établissements de l’île sont désormais «inutilisables», et que parmi ceux qui sont restés debout, une trentaine hébergeait encore des sinistrés la semaine dernière. L’Humanité accuse l’Etat d’avoir «abandonné» l’école et cite les équipes du rectorat évoquant de simples «bâches» pour les classes qui n’auraient plus de toit et même des «écoles sous tentes», alors qu’a débutéle kashkazi - la saison des pluies locales - synonyme de forte activité cyclonique.
Mayotte sous des pluies diluviennes, et Los Angeles toujours en proie aux flammes. The LA Times compare les dégâts occasionnés par ces incendies à ceux laissés dans son sillage par l’ouragan Katrina, qui avait dévasté la Louisiane en 2008. Pour le journal californien, les feux de ces derniers jours «comptent parmi les pires catastrophes naturelles de l'histoire américaine» et «laisseront des séquelles pendant de longues années». Confrontés à cette réalité, le gouverneur de Californie, la maire de Los Angeles et les autres élus locaux démocrates se retrouvent aussi, sous le feu des critiques de Donald Trump et de son camp, qui cherchent à les rendre «responsables» de la catastrophe, selon The Washington Post. Le président-élu et ses riches nouveaux amis, qui n’hésitent pas à laisser proliférer voire à alimenter les fausses informations sur la catastrophe - d’où le dessin d’Ella Baron pour The Guardian, montrant Trump, Zuckerberg et Musk opposant leur gros chèque à la réalité et à la vérification des faits, «fact checking» en anglais. Los Angeles, capitale mondiale du cinéma, confrontée à un scénario semblable à celui que racontait l’écrivain américain Stephen Markley dans son dernier roman, «Le Déluge», sur un mégafeu réduisant la ville en cendres. Interrogé par Libération, cet Angeleno juge que les polémiques, notamment sur le manque de moyens «n’ont aucun sens», dans la mesure où «aucune somme d’argent ou aucuns moyens techniques ou humains n’auraient été suffisants pour arrêter» de tels feux, qu’il présente comme «la conséquence de ce que nous, les Occidentaux, et en particulier les Américains, faisons subir à notre planète». A ses yeux, la crise climatique «n’est pas quelque chose d’abstrait, ni qui va se produire dans un avenir lointain: c’est déjà (la) réalité».
On ne se quitte pas là-dessus. A la rubrique «polémique», toujours, quoique dans un registre nettement moins dramatique, The Times, le quotidien britannique, fait état de la décision du chef savoyard Marc Veyrat d’interdire son nouveau restaurant au guide Michelin, la bible des gastronomes - auquel il ne pardonne pas d’avoir rétrogradé son restaurant alpin de trois à deux étoiles. Marc Veyrat, le saviez-vous?, qui s’enorgueillit d’être le père de notre bien-aimée tartiflette, ce robuste plat d’hiver consistant en pommes de terres napées de reblochon, un fromage savoyard exquis et goûtu, d’oignons et de lardons. A lire dans l’enquête aussi détaillée que savoureuse du Monde sur «l’énigme de l’origine» de la tartiflette, qui tient son nom du mot «tartifle» (pomme de terre, en patois savoyard). Où l’on apprend que la tartiflette, un plat souvent présenté à tort comme une spécialité ancestrale et probablement né, en réalité, dans les années 75/8O, est devenue un sujet d’études fort sérieuses, notamment d’un ouvrage intitulé «Entre ancrage local, mondialisation culturelle et patrimonialisation. Une géographie de la tartiflette», qui raconte que la tartiflette a fait partie d’un projet de l’Union européenne, pour inscrire la recette au Patrimoine mondial de l’Unesco - un exemple parmi d’autres d’«invention de la tradition», comme les pâtes à la carbonara, qui n’ont rien non plus d’un plat ancestral, mais seraient nées d’ingrédients amenés par des soldats américains durant la Seconde guerre mondiale.
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