Le leader du groupe américain Disturbed, David Draiman, a partagé l’an passé des photos de lui paraphant un obus de Tsahal, destiné à être envoyé dans la bande de Gaza. Des personnalités de gauche réclament la déprogrammation du spectacle prévu le 12 octobre.
Passer la publicité Passer la publicitéLe conflit israélo-palestinien continue de bousculer le monde de la musique. Dimanche 28 septembre, de nombreux élus de la ville de Paris ont exprimé leur mécontentement, dans les colonnes de Médiapart, en marge de la venue prochaine du groupe de métal Disturbed dans la capitale. Pour cause, le leader du collectif américain, David Draiman, fervent soutien de Benyamin Netanyahou, s’est affiché l’année dernière sur ses réseaux sociaux dédicaçant une bombe de l’armée israélienne. Il y paraphait de sa main droite « Fuck Hamas » (« Va te faire foutre Hamas »).
Cet obus devait être tiré dans la bande de Gaza, où plus de 66 000 civils palestiniens ont perdu la vie depuis l’offensive du 7 octobre 2023. Le chanteur avait alors accompagné les différentes photos par ce message : « Cet obus était destiné au Hamas. Toutes les vies innocentes perdues dans ce conflit sont dues au fait que le Hamas utilise son propre peuple comme chair à canon pour gagner la sympathie de ceux qui ne demandent qu’à sauter dans le train de la haine des juifs. »
La gauche parisienne insurgée
Ce geste n’a pas échappé aux élus de gauche de la mairie de Paris, qui réclament aujourd’hui la déprogrammation du concert du groupe prévu le 12 octobre au Zénith de Paris, enceinte de 6000 places. Parmi les principaux contestataires, Ian Brossat, sénateur PCF de la ville. Ce dernier a fait remarquer dans un communiqué de presse relayé hier que « la culture ne peut être complice de l’apologie du génocide ». « Paris ne peut pas être associé à la promotion du génocide [...] ce serait une faute morale, une insulte aux victimes et la tenue du concert représenteraient un risque évident de troubles à l’ordre public », a-t-il poursuivi.
Du côté du Parti Socialiste (PS), le candidat à la succession d’Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, a déclaré sur les réseaux sociaux que « de tels messages n’ont pas leur place à Paris » et en a profité pour qualifier le geste de David Dairman d’« immonde ». Enfin, Sarah Legrain, députée La France Insoumise (LFI) de la 16e circonscription de la capitale, où se trouve le Zénith, a critiqué le profil de cet artiste « dont les paroles et les actes tombent manifestement sous le coup de la loi parce qu’ils sont dans la complicité de crimes de guerre ou de génocide ».
Pas de déprogrammation envisagée
Sollicitée par nos confrères de Mediapart, la mairie socialiste du XIXe arrondissement parisien a déclaré qu’elle n’avait « pas le pouvoir de coercition pour déprogrammer des artistes ». Elle assure toutefois que la question du trouble à l’ordre public se posera si besoin. « Dans ce cas, il faudra voir avec la préfecture pour agir », explique-t-elle. Le Zénith de Paris, lui, indique par le biais de sa direction qu’il « ne dispose d’aucune marge de manœuvre pour “autoriser” ou “interdire” la présentation d’un spectacle, dès lors que le producteur répond aux exigences juridiques posées dans les conditions générales de location ». La société Live Nation, qui assure la production du concert, n’a pas donné suite aux demandes de Mediapart.
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Ces appels à la déprogrammation font écho à une autre affaire similaire survenue cet été, lorsque le groupe de rappeurs nord-irlandais Kneecap était venu se produire au Cabaret Vert et à Rock en Seine. Ces derniers, fervents défenseurs de la cause palestinienne, avaient été visés par les plus grandes instances du pays. Le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, les avait notamment menacés d’engager des « poursuites judiciaires » en cas de débordement. Finalement, aucun problème n’a été relevé par les autorités et le trio s’est produit à deux nouvelles reprises dans la capitale début septembre au Trianon. Reste à savoir si Disturbed bénéficiera d’un tel traitement.