Adolescent, «j’étais davantage attiré par le punk, le rock et les filles» : David Lisnard se confie sur son retour à la foi chrétienne
Parler de Dieu quand on est un homme politique ? «J’essaye de rester pudique dans mon expression de ces questions», confie David Lisnard en préambule... d’un très long entretien publié ce dimanche dans Le Point , et dans lequel le maire (LR) de Cannes et président de l’Association des maires de France revient en détail sur sa vie spirituelle. Laquelle semble à l’en croire assez tortueuse : «Mon rapport à la religion a connu des hauts et des bas», ajoute-t-il, tout en esquissant les contours de son retour à la religion, qui a des conséquences aussi sur ses convictions politiques, car David Lisnard se dit aujourd’hui opposé à une loi autorisant l’euthanasie.
David Lisnard expose au journaliste Jérôme Cordelier ses infidélités de jeunesse à la foi chrétienne dans laquelle il a grandi, estimant que «quelqu’un qui est mandaté par des citoyens n’a pas à esquiver et cacher qui il est», tout en revendiquant s’avancer avec «beaucoup de précautions» sur ce terrain.
Le maire de Cannes a «reçu une éducation religieuse catholique» : «Ma mère va régulièrement à la messe, sans être ’cul béni’», dit-il. S’il a été uniquement élève de l’école publique et laïque, il n’en a pas moins reçu tous les sacrements de l’initiation chrétienne durant son enfance : baptême, communion, confirmation... mais l’adolescent qu’il était alors n’était pas tout à fait un enfant de choeur : «À l’époque, poursuit David Lisnard, j’étais davantage attiré par le punk, le rock et les filles. Je m’intéressais davantage aux seins des femmes qu’aux saints canonisés.»
Aujourd’hui, c’est différent : le maire de Cannes va à la messe et prie régulièrement. Et cite volontiers Jean-Paul II qui lançait en 1980 son fameux «France, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?», tout en insistant sur le fait que lui n’est «pas exclusif dans la transcendance» car «la transcendance républicaine, cela existe aussi». Selon David Lisnard, et n’en déplaise «aux bouffeurs de curés», «l’universalisme républicain qui doit tous nous rassembler se situe dans la lignée de la parole de Jésus».
Pour David Lisnard, Jésus était libéral
Au journaliste qui demande si l’enseignement du Christ n’est pas de gauche, David Lisnard répond «pour provoquer» que Jésus était un libéral. Et interprète à la lumière de cette exégèse certaines paraboles des évangiles : «Le texte sur le bon samaritain met l’accent sur le volontarisme individuel. La parabole des talents fait l’apologie de l’investissement et du risque. Tout comme celle des ouvriers de la 11e heure, où l’on voit un propriétaire terrien rémunérer ses ouvriers dans une approche contractuelle. C’est libéral comme approche, non ?». Évangiles qu’il a lus «à deux reprises, enfant, puis plus récemment, ainsi que les Actes des apôtres». Et l’Apocalypse de Saint Jean. Et les écrits de Saint Augustin, à qui il emprunte sa devise personnelle : « Avance sur ta route, car elle n’existe que par ta marche. » Et Bernanos, Pierre Manent récemment sur Pascal...
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David Lisnard dit encore rechercher l’intériorité dès que possible, pour y trouver son Créateur : «Je peux trouver Dieu dans une forêt, une montagne, en marchant en bord de mer, dans la beauté d’un opéra de Mozart, dont les agencements dépassent la condition humaine, comme dans un morceau des Clash.»
Confronté récemment «à cette situation bouleversante de fin de vie très douloureuse pendant plusieurs mois», le maire de Cannes ne se déclare enfin «pas favorable» à une loi sur la fin de vie, craignant un «basculement anthropologique majeur» et pointant du doigt les dérives de certains pays étrangers (Belgique, Suisse, Canada...).