Le patron du Palais de la découverte remercié sur fond de polémiques au Grand Palais
Le feu couvait depuis plusieurs semaines entre le ministère de la Culture et le président d’Universcience, établissement public regroupant le Palais de la découverte et la Cité des Sciences et de l’industrie, à la Villette. La rupture a été consommée : après dix ans à la présidence et six mois avant la fin de son mandat, Bruno Maquart va quitter ses fonctions. La décision a été prise en conseil des ministres jeudi.
Derrière cette éviction se cachent le sort indéfini du Palais de la découverte ainsi que l’avenir de la Cité des Sciences, à La Villette. Si le gouvernement ne fait pas mystère de la nécessité de refaire de fond en comble une cité à bout de souffle quarante ans après son ouverture, de nombreuses voix, dont l’Académie des Sciences, s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer une absence de projet clair pour le Palais de la découverte.
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Communiqué cinglant du ministère
Situé dans l’aile ouest du Grand Palais, au pied des Champs-Élysées, ce palais-musée dédié à la science depuis 1937 a fermé en 2020 pour rénovation. Il devait partiellement rouvrir ses portes le 11 juin, avec un festival baptisé Premières ondes. Au programme, exposition temporaire sur l’intelligence artificielle, installations artistiques, ateliers interactifs et plusieurs événements. À la même date, sous la rotonde d’Antin, un Palais des enfants devait également ouvrir avec l’exposition Transparence, coproduite avec le Grand-Palais RMN. Après quoi l’agence d’architectes devait finaliser les travaux et livrer le bâtiment terminé aux scénographes en septembre, pour une réouverture totale fin 2026.
En mars, Bruno Maquart avait organisé une conférence sur le site, pour rendre publique toute cette « séquence » de réouverture. Au passage, il avait annoncé le retour de l’emblématique planétarium et la fameuse expérience d’électricité statique qui fait se dresser les cheveux sur la tête, mais aussi des nouveautés, dont un télescope numérique installé sur le toit du palais.
Las, quelques heures plus tard, un communiqué cinglant du ministère de la Culture indiquait qu’il ne pouvait ni « confirmer ni prendre à son compte aucune des annonces faites par le président d’Universcience qui s’est exprimé sans l’aval de ses tutelles ». Sans l’accord non plus du patron du Grand Palais, Didier Fusilier, avec qui les relations s’étaient singulièrement tendu ces dernières semaines. On devine que ce communiqué fut suivi au minimum d’un coup de fil entre la ministre et le président d’Universcience, voire d’un rendez-vous pour remettre les choses au point.
Un avenir en suspens
On en est là. Si les travaux de la Cité des Sciences sont encore en suspens – il faudrait plus d’un milliard pour remettre le bâtiment souhaité par Valéry Giscard d’Estaing d’aplomb -, les espaces du Palais de la découverte donnent des envies à tout le monde. Après cinq ans de travaux, l’institution est désormais aux normes, avec une rotonde éclatante. Plusieurs galeries (où s’organisaient avant fermeture des expériences face au public et des expositions) sont en état de fonctionnement. Il ne reste plus qu’à décider « quoi » mettre à l’intérieur. En faire une « extension » du Grand Palais, avec des expositions et des évènements, sous la direction de Didier Fusillier, sans cesse à la recherche d’argent et de nouveaux publics ? Le transformer en centre sur l’intelligence artificielle et en espace immersif ?
Après le sommet de l’IA, qui s’est tenu dans le Grand Palais, cette option semble tenir la corde. Ce qui signifierait la fin des expériences, des ateliers et des démonstrations scientifiques qui y ont lieu depuis des décennies, en plein cœur de Paris.
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Interrogée, la ministre de la Culture estime dans Le Figaro du 12 juin, que « la question de la culture scientifique en France n’est pas une question de site mais une question de vision et de projet. Il faut savoir comment on défend la culture scientifique et la relation des citoyens à la science, dans un contexte où la foi en la science recule » . Selon Rachida Dati, le président de la République devrait annoncer, dans les prochaines semaines, une « nouvelle ambition pour la culture scientifique » en France.
D’ici là, il faudra trouver un remplaçant pour la présidence d’Univercience, qui avait accueilli 1,9 million de visiteurs en 2024, en dépit de la fermeture pour travaux de la Cité des enfants, et des Jeux Olympiques.