L'Autorité palestinienne condamne la "profanation" d'une mosquée par l'armée israélienne

La tension est montée d'un cran supplémentaire en Cisjordanie. L'Autorité palestinienne a condamné, jeudi 14 décembre, des images montrant des soldats israéliens récitant une prière juive dans une mosquée de Cisjordanie occupée, qualifiant cette "profanation" de "honteuse".   

Cette vidéo, obtenue par l'AFP, montre des soldats israéliens à l'intérieur d'une mosquée, dans le camp de réfugiés de Jénine, utilisant ses haut-parleurs pour réciter le Shema Yisrael, une prière majeure du judaïsme.  

À la fin de la vidéo, des éclats de rire sont perceptibles, alors que les troupes sortent de la mosquée et qu'un chant de Hanouka est diffusé, toujours via haut-parleur.  

"La profanation par les forces d'occupation israéliennes d'une mosquée dans le camp de Jénine est un comportement honteux et condamnable", a déclaré le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina. 

Il a mis en garde contre le risque "d'entraîner la région dans une guerre de religion" et contre "les répercussions de ces attaques". 

Une dizaine de Palestiniens tués 

Les troupes israéliennes ont lancé leur incursion dans la ville septentrionale et son camp de réfugiés tôt mardi et y étaient toujours présentes jeudi après-midi. Au moins 11 Palestiniens ont été tués dans cette incursion, selon un nouveau bilan jeudi du ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne.    

Par ailleurs, un adolescent non armé a été abattu par les soldats israéliens alors qu'ils menaient une opération dans l'hôpital Khalil Souleimane, à l'entrée du camp de réfugiés de Jénine, a dénoncé Médecins sans Frontières (MSF), qui dénombre 12 morts de son côté. Le jeune Palestinien, âgé de 17 ans, a reçu une balle dans la poitrine, a précisé le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne.

Quatre soldats ont été blessés, selon l'armée israélienne.  

"Les flammes de la guerre de religion qu'Israël cherche à allumer ne se limiteront pas à la seule région palestinienne, mais s'étendront au monde entier s'il reste silencieux face aux crimes d'Israël et aux violations des droits du peuple palestinien", a-t-il ajouté.   

Il a appelé la communauté internationale et les États-Unis à "faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses violations à l'encontre du peuple palestinien, de ses biens et de ses valeurs sacrées".  

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Soldats écartés 

L'armée israélienne a déclaré que les soldats impliqués avaient été écartés des activités opérationnelles et feront l'objet de procédures disciplinaires.   

"Des mesures seront prises en conséquence à l'encontre de ceux qui n'agissent pas conformément aux valeurs de l'armée israélienne", a réagi le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari. 

La situation est explosive en Cisjordanie depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, sur fond de violences des colons israéliens et de multiplication des raids de l'armée israélienne, qui dit lutter contre le terrorisme. 

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Les ambulances bloquées 

Le directeur du Croissant-Rouge palestinien à Jénine, Mahmoud Al-Saadi, a déclaré à Reuters que l'armée israélienne ne laissait pas les ambulances entrer dans le camp de réfugiés de la ville pour transporter des blessés ou des personnes gravement malades. 

"L'armée ne nous a pas permis d'entrer", malgré les tentatives de coordination avec la Croix-Rouge internationale et l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA), a-t-il dit, précisant que des soldats israéliens bloquent aussi l'accès à l'hôpital Khalil Souleimane. 

Dans un communiqué diffusé sur la plateforme X, MSF a accusé les soldats israéliens d'avoir ordonné à des ambulanciers qui quittaient l'hôpital de sortir de leurs ambulances et les ont "forcés à se déshabiller et à s'agenouiller dans la rue". 

L'armée israélienne n'a pas souhaité faire de commentaire tant que "l'opération antiterroriste" est en cours. Dans un communiqué, elle a dit avoir démantelé des ateliers de fabrication d'engins explosifs et des puits de tunnels au cours de l'opération qu'elle mène depuis trois jours à Jénine. 

Avec AFP et Reuters