Le patron de la Mostra se félicite de la «concurrence saine» avec le festival de Cannes

Le festival de cinéma de Venise, qui débute mercredi 28 août dans la soirée, entretient «une saine concurrence» avec son homologue cannois, a assuré à l'AFP le patron de la Mostra, Alberto Barbera, se réjouissant de la présence de stars «jamais si nombreuses»
À 74 ans, le directeur artistique depuis 2012 du plus ancien festival de films au monde, reconduit pour deux ans en mai, peut s'enorgueillir d'en avoir fait une rampe de lancement pour Hollywood, dont les stars défilent chaque année sur le Lido, et un tremplin pour les Oscars, de La la land à Roma en passant par A Star is Born
La présence des vedettes assure cette année une visibilité maximale à la Mostra, qui a souffert l'an dernier de leur absence en raison de la longue grève des scénaristes à Hollywood. D'ici le palmarès du 7 septembre, les flashes crépiteront, que ce soit pour Lady Gaga dans la suite de Joker ou Angelina Jolie dans la peau de Maria Callas. La venue du duo George Clooney et Brad Pitt feront aussi la joie des photographes. «Cela fait peut-être plus de vingt ans qu'il n'y avait pas autant de stars présentes venant de nombreux pays», se réjouit le «direttore», sur la terrasse du palais avec vue plongeante sur le tapis rouge face à la mer. 
Pour lui, leur venue n'est pas une fin en soi, il y voit plutôt «un instrument pour augmenter et décupler l'attention sur les films, le désir de cinéma, ce qui est l'une des raisons d'être des festivals»

Vingt et un films sont en compétition pour le prestigieux Lion d'or, pour la plupart en provenance d'Europe ou des États-Unis, dont trois Français. 
«Très peu de films du Sud-Est asiatique, très peu du continent africain, peu d'Amérique du Sud» ont été soumis, relève Alberto Barbera. «Ce sont des pays qui ont davantage souffert des effets de la pandémie de Covid et qui reviennent lentement à des rythmes normaux de production», explique-t-il, soulignant néanmoins la présence de «60 pays» dans les différentes sélections. 
Sous ses apparences glamours, le doyen des festivals n'échappera pas au fracas des conflits en cours, que ce soit en Ukraine ou à Gaza. «Je crois que les documentaires de cette année en particulier sont d'une telle force expressive, artistique et politique qu'ils ne manqueront pas d'attirer la curiosité et l'attention du public», promet Alberto Barbera, citant deux réalisations sur le conflit russo-ukrainien «qui montrent la guerre de deux points de vue opposés». Puis il ajoute: «J'espère qu'ils seront perçus comme une contribution à la discussion et à la connaissance, et qu'ils ne seront pas otages de préjugés idéologiques et de revendications polémiques qui sont inutiles»

Alors que les grands festivals se livrent une guerre feutrée pour attirer les films, le directeur artistique s'escrime à placer ses pions sur un échiquier toujours dominé par la Croisette. «Cannes reste évidemment le plus grand festival du monde, avec le marché le plus important où convergent des dizaines de milliers de professionnels», reconnaît le maître des horloges vénitiennes. 
«Nous, nous parions davantage sur la qualité des films peu nombreux que nous sélectionnons, afin de garantir un service de promotion à tous, que ce soit de grosses productions des studios de Hollywood ou de petits films venant du monde entier», glisse-t-il encore. Avec Cannes, «nous faisons le même travail (...), certes avec un peu de concurrence saine, mais il est juste qu'il en soit ainsi, c'est inévitable», conclut Alberto Barbera dans un sourire.