Ce que montrent les images de la confrontation entre les marines philippines et chinoises

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Une altercation qui fait monter les tensions entre la Chine et les Philippines. Ce lundi 17 juin, un navire de la marine philippine et un bâtiment des gardes-côtes chinois sont entrés en collision en mer de Chine méridionale. Durant l’incident, un bateau pneumatique philippin a été intercepté par les gardes-côtes.

Le Sierra Madre échoué sur l'atoll Second Thomas . Source: X.

La confrontation a eu lieu à proximité de l'atoll Second Thomas où est échoué le Sierra Madre, un cargo de la Seconde Guerre mondiale. L'armée philippine stationne une garnison sur l'épave. Situé à 300 kilomètres de l'île philippine de Palawan et à 1 000 kilomètres des côtes chinoises, l'atoll de Second Thomas est stratégique. 

L'atoll Second Thomas en mer de Chine méridionale. Source: Google Map.

Faisant partie des îles Spratleys, il est en effet revendiqué - ainsi que l'espace maritime qui l'entoure - aussi bien par la Chine populaire que par les Philippines. Les îles Spratleys elles-mêmes sont revendiquées par au moins six pays à proximité. 

C'est lors d'une mission de ravitaillement de la garnison du Sierra Madre que l'affrontement a eu lieu. La Chine comme les Philippines ont publié des images pour soutenir chacune leur version des faits. 

Les gardes-côtes chinois auraient agi avec "retenue" et sans "mesures directes contre le personnel philippin" estime Pékin

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères affirme le 19 juin 2024 que les gardes-côtes chinois se sont comportés de manière "professionnelle avec retenue sans prendre de mesure directe contre le personnel des Philippines". Source X.

Dans une conférence de presse le 19 juin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères rejette la responsabilité de la situation sur les Philippines et estime que les gardes-côtes chinois ont agi de manière "professionnelle et avec retenue" contre une mission de ravitaillement qu'elle estime "illégale". Le même jour, le Global Times, un tabloïd lié au Parti communiste chinois, publie quatre photographies de l'incident.

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Quatre photos de l'incident du 17 juin ont été publiés le 19 juin 2024 par le Global Times.

Les deuxième et troisième images montrent la collision du Lapu-Lapu, un navire de ravitaillement philippin avec un bâtiment des gardes-côtes chinois. Le Global Times affirme dans un article paru le 19 juin que les navires philippins seraient "intentionnellement" entrés en collision avec les bâtiments chinois. Les photographies présentées, qui ne montrent pas l'ensemble de la manœuvre, ne permettent pas de confirmer ou d'infirmer cette affirmation.

La première et la quatrième photo présentent l'interception d'un navire pneumatique philippin par les gardes-côtes chinois. On y voit le navire immobilisé par les bateaux des gardes-côtes chinois. Aucune indication n'est cependant donnée sur l'heure de prise de vue de ces photographies sur lesquelles les gardes-côtes chinois semblent ne pas porter d'armes.

Une action "agressive" de gardes-côtes chinois équipés d'armes blanches selon l'armée philippine  

Une série de vidéos publiées le 19 juin sur le compte X des Forces armées des Philippines témoignent d'une situation beaucoup plus tendue que celle présentée dans les photographies partagées par le Global Times. L'armée philippine dénonce ainsi “des attaques physiques” et “l’emploi d'armes blanches, de sirènes assourdissantes et de flash aveuglants" et des "jets de pierres".

2024
Une vidéo publiée par l'armée philippine publiée le 19 juin 2024 où l'on voit un garde-côte brandir un couteau. Source: Forces Armées des Philippines.

Dans une vidéo partagée sur X, on voit à 0'01, un garde-côte chinois brandir un couteau et un autre garde-côte lancer à la main, comme l'affirmait l'armée philippine, un projectile.

 

Une vidéo publiée par l'armée philippine publiée le 19 juin 2024 où l'on voit un garde-côte brandir une hache. Source: Forces Armées des Philippines.

Une autre vidéo montre un garde-côte chinois, à 0'06, menacer un marin philippin avec une hache. On y voit également comment le bateau pneumatique philippin a été arraisonné, à l'aide de cordes et dans un climat de grande tension. L'image du garde-côte tenant une hache est même devenue un "mème" nationaliste - une caricature internet - sur le réseau social chinois Weibo.

La caricature garde-côte chinois tenant un hache publiée le 19 juin 2024. Source X

Une vidéo aérienne montre également la violence de l'interception du navire philippin. Le bateau est ainsi littéralement pris en sandwich par les navires chinois.

 

La vidéo de la collision publiée par l'armée philippine le 19 juin 2024.

La collision des navires philippins et chinois a fait un blessé grave parmi les soldats philippins. Un marin a perdu son pouce et on le voit dans une vidéo à 0'21 recevoir les premiers secours.

 

Une vidéo publiée par l'armée philippine publiée le 19 juin 2024 où l'on voit marin philippin blessé. Source: Forces Armées des Philippines. Al jazeera.

Enfin, des photos partagées par l'armée philippine témoignent de l'étendue des dégâts matériels. La coque pneumatique du bateau philippin a été percée à l'aide de couteaux et de lances.

 

La coque pneumatique du bateau philippin. Photo publiée le 19 juin par l'armée philippine et ABS-CBN News.

Les instruments de bord et le pare-brise du bateau philippin ont également été vandalisés durant l'altercation.

 

Les instruments de bords et le pare-brise du bateau philippin. Photo publiée par l'armée philippine et ABS-CBN News le 19 juin 2024.

Selon des experts interrogés par CNN le 20 juin, les images de l'incident du 17 juin témoignent de "nouvelles" tactiques "beaucoup plus ouvertement agressives" de la part de la Chine. Ce qui corrobore les accusations "d'attaques violentes" de la marine chinoise, dénoncées par Manille.

Cependant, dans les images publiées par l'armée philippine, on ne voit pas de scène où les gardes-côtes chinois auraient directement blessé ou attaqué des marins philippins. Ce qui permet au ministère des Affaires étrangères chinois de prétendre que sa marine n'aurait pas pris "de mesures directes contre le personnel philippin", malgré la violence évidente de l'attaque contre la marine philippine.

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