Six Nations : «Les décisions sont difficiles pour ceux qui sortent», reconnaît Fabien Galthié

Pour quelles raisons avez-vous choisi d’écarter Damian Penaud ?
Fabien Galthié : On a une totale confiance en Damian, on échange avec lui sur sa performance et sur nos attentes. J’ai une pensée pour lui, car c’est un moment spécial. Depuis 2020, il a toujours été titulaire quand il était disponible. Il compte donc énormément pour nous et il a répondu à de nombreuses reprises à nos attentes. Il n’y a pas de sujet ou de doute concernant son niveau ou son engagement. Mais il y a des moments où nous devons arbitrer des choix entre différents potentiels. Notre vision porte jusqu’en 2027, avec une volonté de développer l’émulation, la concurrence à tous les postes. Théo (Attissogbe) a démontré de grandes qualités, il apporte des réponses très positives dans le jeu offensif, le jeu sans ballon et le jeu défensif. Il répond à nos attentes.

Comment l’avez-vous expliqué à l’intéressé ?
D’abord la confiance est totale et intacte. (…) J’ai passé deux heures avec lui, mardi, à échanger , à l’écouter. La clarté dans la discussion est primordiale. Je conçois que ce n’est pas évident à accepter par le joueur. Mais nous assumons notre décision. On prend le temps de construire l’équipe qui nous semble la plus performante.

« C’est l’équipe de France ! On voudrait bien titulariser les 300.000 pratiquants de notre pays mais ce n’est pas possible. »

Une nouvelle fois écarté, Matthieu Jalibert ne peut pas s’installer sur la durée. Pour sa confiance, c’est très compliqué.
Mais c’est l’équipe de France ! On voudrait bien titulariser les 300.000 pratiquants de notre pays mais ce n’est pas possible. Tous les joueurs sélectionnés le méritent. Dans son cas, il y a aussi le retour de Léo Barré. Nos choix sont ouverts, rien n’est fermé… Là, il convient de prendre soin de Matthieu. Les décisions sont difficiles pour ceux qui sortent.

Avec plus de rotations, moins de cadres protégés, pourquoi avez-vous changé votre management depuis le début de cette saison ?
C’est important de mobiliser les 42 joueurs qui viennent se préparer à Marcoussis. Je veux que chaque joueur se dise ‘’si je continue à travailler, je vais avoir ma chance’’. Ils ont la possibilité de venir chercher le maillot. C’est un message pour les 42. Tout compte et tout est possible. Quand tu enchaînes les sélections, c’est parce que tu le mérites. Nous avons une relation forte et de confiance avec nos joueurs. On contribue à leur développement. Mais l’équipe de France, c’est aussi la concurrence, la possibilité de développer un potentiel important de joueurs. Pour jouer dans cette équipe, il faut performer. C’est la base et c’est clair.

Comment définiriez-vous cette nouvelle méthode ?
Lors de notre premier mandat, la vision était très claire : monter une équipe en compétence, développer l’expérience collective, développer un projet autour d’un certain nombre de joueurs capables de disputer la Coupe du monde 2023. Aujourd’hui, le but est toujours le même : développer une équipe avec un vécu, heureux ou difficile, afin de comprendre les bases de la performance. Désormais, la remise en question, l’émulation, la concurrence et le développement des potentiels rentrent en ligne de compte. Tout en conservant une grande confiance envers les joueurs cadres du premier mandat. Il s’agit de développer notre base, qu’elle soit encore plus dense. Dans cette méthode, ce choix est argumenté par les performances individuelles.

« Le banc à 7 avants, c’est notre stratégie pour répondre présent dans un secteur clé où les Italiens performent énormément : le jeu au sol. »

Pourquoi cette première d’un banc avec sept avants un seul trois-quarts ?
Ce banc est axé sur la conquête avec quasiment deux paquets d’avants. C’est un choix tactique, lié à l’adversaire très particulier. C’est notre stratégie pour répondre présent dans un secteur clé où les Italiens performent énormément : le jeu au sol.

C’est une option risquée…
Un seul trois-quarts, c’est prendre un risque oui. Mais la notion de prise de risques est inhérente à notre niveau. On a travaillé sur d’éventuels cas de blessure. Antoine Dupont peut passer à l’ouverture, Thomas Ramos à l’arrière, Léo Barré au centre. Et, si besoin, nous avons deux troisièmes-lignes (Jegou et Boudehent) qui ont un passé de trois-quarts centre…

Pour quelles raisons Lucu est de retour, préféré à Le Garrec ?
Ça montre dans les 42, les 28, les 23, la place est ouverte. Quand on monte à Marcoussis, on a des chances d’être sur la feuille de match. Rien n’est figé. Il faut croire en soi et aller chercher le maillot…

«Je peux vous dire qu’on ne néglige pas l’Italie»

La pression du résultat est, elle, de plus en plus forte…
Elle est liée aux attentes populaires vis-à-vis de l’équipe de France, une popularité qu’elle a décuplée. C’est 50 % de plus de suiveurs qu’en 2020. Ça augmente les exigences. On le ressent, mais avec plaisir.

Mais, en Italie, tout autre résultat qu’une victoire ne serait pas considéré comme normal par les supporters.
Est-ce que l’opinion publique attend autre chose qu’une victoire quel que soit l’adversaire (sourire) ? Après, c’est le sport. Tout est possible. La volonté des deux équipes est la même : remporter ce match. L’Italie est ambitieuse, a des arguments et je peux vous dire qu’on ne la néglige pas.

Propos recueillis en conférence de presse