Le retour à l’Assemblée de l’insoumis Andy Kerbrat, contrôlé en train d’acheter de la drogue il y a 8 mois, irrite la droite nantaise

Retour au Parlement pour le député LFI Andy Kerbrat de la deuxième circonscription de Nantes. Pris en flagrant délit d’achat de drogue en octobre, puis exclu temporairement de l’Assemblée nationale, celui qui a bénéficié de soins au cours des derniers mois revient aujourd’hui dans l’hémicycle parisien. Cette annonce fait réagir les élus de la droite locale qui, depuis le début de l’affaire, réclament sa démission.

«Comment peut-on prétendre écrire la loi quand on l’a délibérément enfreint?», s’insurgent dans un communiqué commun Laurence Garnier, sénatrice LR de Loire-Atlantique et Julien Bainvel, candidat aux municipales nantaises pour 2026. «Andy Kerbrat  est de retour sur les bancs de l’Assemblée nationale, en réalité ce “retour” ne changera pas grand-chose car malgré son absence il continuait à voter, en allant jusqu’à s’opposer à la loi pour lutter contre le narcotrafic », tancent les deux conseillers municipaux d’opposition de la cité des Ducs.

«Chacun jugera...»

En effet, la législation a permis à l’insoumis, particulièrement engagé sur les sujets LGBT+, de continuer à voter par procuration lors de son arrêt maladie. Dans le sillage de son groupe politique, il s’est ainsi prononcé contre la proposition de loi qui étend les prérogatives des services de renseignements en matière de lutte contre le narcotrafic, facilite le gel des avoirs des narcotrafiquants ou encore entérine la création d’un parquet national anticriminalité organisée.

« “J’ai failli” mais pas de problème, je reviens à l’Assemblée Nationale» a commenté avec étonnement la conseillère municipale d’opposition Valérie Oppelt, sur X. L’élue centriste, qui s’était présentée contre lui aux dernières législatives, rappelle qu’il a acheté de la drogue à un mineur.«Des enfants bien souvent victimes des réseaux de narcotrafiquants et de proxénètes… Chacun jugera…», poursuit-elle, dans un bref message.

Ces critiques, Andy Kerbrat s’y attendait. Dans l’entretien donné à Presse Océan  lundi pour faire part de son retour sur les bancs de l’Assemblée, il n’hésite pas à tancer la droite qui «déteste les personnes qui sont addicts». «Elle a un problème avec cette question. On l’a vu dans les réactions allant de Bruno Retailleau  jusqu’à la droite locale : quand ils voient quelqu’un à terre, ils en profitent pour donner le dernier coup de pelle au lieu de tendre la main», assure celui qui souhaite faire bouger les lignes en s’inspirant de son vécu. «La réalité, c’est qu’il y a un tabou sur l’addiction. La France a un problème de santé publique et les politiques ne regardent pas le sujet en face. Parce qu’au lieu de protéger, de prévenir, on préfère donner un coup de matraque. Moi, je pense qu’il faut développer une nouvelle approche, comme cela se fait dans d’autres pays.», défend-il dans les colonnes de l’hebdomadaire régional.

«Non, Andy, la droite ne déteste pas les personnes qui sont addicts...», lui a répondu sur X Foulques Chombart de Lauwe, conseiller municipal de droite à Nantes. «La droite aime l’honnêteté et la cohérence de vie. Elle déteste l’impunité et le double langage. Elle aurait aimé t’entendre t’excuser vis-à-vis du mineur à qui tu as acheté ta came», écrit celui qui est également candidat aux prochaines municipales. «Tes acrobaties pour renverser la charge de la preuve ne trompent personne», termine-t-il. Du côté gauche de l’échiquier politique, les réactions se sont faites plus discrètes. «Bon retour au combat, camarade et ami» a réagi publiquement la députée LFI voisine Ségolène Amiot de la troisième circonscription de Nantes.