En cette matinée de décembre, il neige à gros flocons sur Pupillin, petit village vigneron au nord du Jura. Pierre Overnoy, 82 ans, nous accueille dans sa modeste maison, ce jour-là recouverte d'un fin manteau blanc, avec la félicité discrète d'un aïeul que l'on aurait trop tarder à visiter. Il commence par s'excuser de la température qui règne dans la pièce, justifiée par un contrat d'électricité qui implique «une coupure de 22 jours sur les mois les plus froids, pour éviter que l'on consomme trop». Sur la table, des verres encore marqués des larmes de vin de la veille, n'ayant vraisemblablement pas pu être nettoyés, faute d'eau chaude. Qui pourrait se douter un seul instant que nous voilà face à l'une des plus grandes légendes vigneronnes de notre époque, dont les bouteilles – vendues à une somme modique par l'intéressé lui-même – atteignent des prix stratosphériques sur le marché des enchères, et restent parmi les plus convoitées aux quatre coins du monde ?
Si notre enthousiasme…