L’Attachement, Mercato, La Fabrique du mensonge... Les films à voir ou à éviter cette semaine
L’Attachement - À voir
Drame de Carine Tardieu - 1h45
Sandra (Valeria Bruni Tedeschi) n’a jamais voulu d’enfant. Trop indépendante pour ça. Cette libraire mène sa vie comme elle l’entend. La belle vie, quoi. Les choses vont changer. Sa voisine de palier meurt durant un accouchement. Voilà la quinquagénaire jouant les mères de remplacement avec le petit Elliot. Il est marrant, ce garçon. Il n’arrête pas, court partout, pose un tas de questions, critique ses peintures. Cela fait circuler le sang. Elle qui ne s’embarrassait de rien ni de personne, quelle révolution !
En adaptant avec une grande sûreté L’Intimité, le roman d’Alice Ferney, Carine Tardieu ne rate pas son coup. Elle sait ce qu’elle fait. L’Attachement est un film paisible, d’une sérénité douce. Pas de grands mots, aucune emphase : juste le quotidien, les petits emmerdements et les gros malheurs. Cela réclame du tact, de la psychologie. La réalisatrice n’en manque pas. ÉN
When the Light Breaks - À voir
Drame de Rúnar Rúnarsson - 1h22
L’avenir semblait radieux pour Una et Diddi. Ce dernier allait enfin quitter Karla, sa petite amie officielle et envisageait de voyager au Japon. Una, incarnée par Elin Hall, est là sans être tout à fait là. Sa relation secrète avec Diddi freine son épanouissement. Alors quand il disparaît dans un accident sous un tunnel qui prend une dimension nationale, Una se sent encore plus seule. Seule au milieu des amis de Diddi qu’elle rencontre pour la première fois.
Dans When The Light Breaks , Una doit faire face pour la première fois à la perte d’un être cher. Pendant une longue journée, elle et les autres vont apprivoiser la mort sans y avoir été préparés. En filmant abondamment l’architecture, le réalisateur islandais Runar Runarsson oblige le spectateur à replacer les personnages dans un tout. Comme pour lui dire qu’on peut regarder la vie autrement et que les maux d’aujourd’hui - le divorce, la place de l’art, la consommation d’alcool, les diktats des régimes alimentaires qui défilent au gré des conversations - sont surmontables. Il faut avoir été confronté à un deuil brutal pour transmettre avec autant de justesse l’incompréhension, la colère, l’interrogation sur le sens de la vie qui jaillissent lors de ces moments de rupture. F. V.
La Fabrique du mensonge - À voir
Drame historique de Joachim Lang - 2h04
Le réalisateur allemand Joachim Lang plonge le spectateur dans les entrailles de la machine nazie pour mieux la dénoncer. La Fabrique du mensonge suit de l’intérieur, de 1938 à 1945, l’ascension du ministre de l’Information et de la Propagande. D’une intelligence aiguë et d’une verve oratoire sans pareil, Joseph Goebbels est montré sous son jour le plus quotidien. Son appartement familial, sa femme, Magda, et ses six enfants, son travail, ses liens étroits avec Hitler, ses nombreuses conquêtes… La caméra entre dans la tête de ce propagandiste obsessionnel et revanchard au physique disgracieux avec son pied bot, que son rival Göring qualifia un jour de « nabot ».
En plongeant dans cette intimité, le film se métamorphose en un thriller à huis clos, nourri d’une belle rigueur historique. La relation triangulaire entre Goebbels, son épouse et Hitler apparaît trouble et toxique. Par un montage nerveux et des dialogues affûtés, Joachim Lang met au jour la folie criminelle des dirigeants. O. D.
Mercato - À voir
Comédie dramatique de Tristan Séguéla - 1h59
Driss est agent de joueur. Il a représenté Blaise Matuidi, champion du monde 2018 à la retraite. Il s’occupe aujourd’hui de Mehdi Bentarek, attaquant fictif du PSG, en disgrâce depuis un contrôle positif à la cocaïne et une glissade malheureuse. À cause de lui, il doit 300 000 euros à des types qui ont des méthodes de truand. Il a huit jours avant la clôture du mercato – le marché des transferts – pour sauver sa peau.
Sur un rythme de thriller, Mercato balaie habilement tout le spectre des coulisses et toutes les méthodes d’un agent et le scénario s’inspire de plusieurs affaires récentes (Pogba, Kanté). Jamel Debbouze a toujours du bagout, mais on est loin du one man show. L’acteur fait oublier le comique et a autour de lui un casting impeccable. Mercato confirme que les meilleurs films de sport se situent souvent loin des terrains. C’est pourtant au cœur du jeu, dans un Parc des Princes en fusion, que se déroule le dénouement de Mercato. Bentarek tient entre ses mains le destin de Driss. Ou plutôt entre ses pieds. É. S.
Dis-moi juste que tu m’aimes - À éviter
Thriller d’Anne Le Ny - 1h51
En Bretagne, Marie (Élodie Bouchez) et Julien (Omar Sy) filent un bonheur plan-plan. Quinze ans de mariage, la routine. Le premier amour de Julien, Anaëlle (Vanessa Paradis), revient dans les parages. Elle a gardé le mail de Julien. Cela lui permet de l’inviter à la pendaison de crémaillère de La Perle. Marie n’est pas ravie. Elle croit qu’il la trompe. Elle lui rend la pareille.
Le scénario de Dis-moi juste que tu m’aimes démarre sous de bons auspices. Très vite, l’intrigue bascule dans le prévisible et l’excès. La caméra suit les personnages dans les ruelles, les traque au bureau. Un Liaison fatale à l’envers chausse de gros sabots. Il faut dire qu’Omar Sy et Garcia ne sont pas les acteurs les plus subtils. Les dames s’en tirent mieux. L’adultère se termine dans la rubrique faits divers. Encore un film dont on se dit : ça aurait pu être bien. Oui, ça aurait pu. C’était tout juste. É. N.