Censure : combien de députés en plus faudrait-il pour que la motion passe ?

« Nous faisons un pari, un pari risqué dont seul l’avenir nous dira ce qu’il est », a assuré à l’Assemblée, mardi, le président du groupe socialiste Boris Vallaud après la suspension de la réforme des retraites et l’abandon du 49.3 annoncés par Sébastien Lecornu lors de sa déclaration de politique générale. Le PS renonce ainsi à voter la censure ce jeudi lors de l’examen de deux motions, l’une déposée par les insoumis et également signée par des députés écologistes, communistes et ultramarins, l’autre par le RN. Le reste de la gauche votera le premier texte comme l’extrême droite. Soit au total, en admettant qu’il n’y ait pas de défections, 265 voix sur les 289 nécessaires pour qu’une motion soit adoptée.

24 députés pourraient donc faire basculer le vote. Des dissidences pourraient se manifester au sein du « socle commun », une partie de LR menée par Bruno Retailleau étant très remontée contre la concession du premier ministre sur les retraites. Mais Laurent Wauquiez, son grand rival et président du groupe, entend tenir ses troupes et l’estampille insoumise de l’une des motions pourrait constituer un autre obstacle. D’autres voix pourraient venir du groupe Liot dont le président, Laurent Panifous, vient tout juste de rejoindre l’exécutif.

Des voix s’élèvent au PS pour la censure

Quant au groupe PS, des voix commencent à s’élever pour contester la décision de non-censure. « Le compte n’y est pas. Jeudi, je censure », a posté sur X, mardi soir, le député de la Drôme Paul Christophle en écho à plusieurs responsables et élus locaux. « Une nouvelle fois cette année, je ne comprends pas les décisions de mon parti politique, le parti socialiste et de ses instances. La censure est la seule voie permettant de conforter ces sept dernières années à regagner la confiance du peuple de gauche et des écologistes », estime notamment Florent Lacarrère, maire de Labatmale (Pyrénées-Atlantiques) tandis que plusieurs fédérations du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) font circuler sur les réseaux sociaux des appels à la censure.

Reste à savoir combien de députés suivront cette voie. Olivier Faure a d’ailleurs pris soin de rappeler les parlementaires à l’ordre par anticipation mardi soir. « J’entends effectivement que tout le monde respecte (la consigne) parce que quand il y a un vote et qu’il est quasi unanime, il doit être respecté », a déclaré le premier secrétaire du PS au JT de TF1, estimant que « provoquer une dissolution ça ne change pas la vie des gens ».

À cette heure, la marche reste haute. D’autant que des votes pourraient faire défaut dans d’autres groupes. « Nous défendons une écologie qui a l’ambition de gouverner. Nous considérons que la situation économique et sociale de la France ne permet pas de prendre le risque de ne pas avoir de budget avant le 31 décembre. Nous refusons la politique du pire de la censure dans un contexte géopolitique dangereux où les drones de Poutine survolent nos alliés européens », a fait savoir, mardi par communiqué, Génération écologie, le mouvement de Delphine Batho qui siège dans le groupe Écologiste et social à l’Assemblée.

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