Si la chute de François Bayrou semble inévitable le 8 septembre prochain lors du vote de confiance à l’Assemblée nationale, la suite est loin d’être écrite. «Je suis absolument persuadé que ça peut bouger», a malgré tout considéré le premier ministre face aux journalistes depuis son bureau de Matignon dimanche soir. L’hypothèse est malgré tout peu probable, sinon improbable, et d’autres scénarios se dessinent.
Au sein de la classe politique, de nombreuses voix parlent déjà du prochain locataire de Matignon. Quand elles n’appellent pas à une nouvelle dissolution, voire à la démission d’Emmanuel Macron. Mais au sein d’un même parti ou d’un même camp, il n’est parfois guère aisé de dégager une ligne claire. Le Figaro fait le point sur les prises de position des différents responsables politiques.
Passer la publicitéVoter la confiance
François Bayrou n’est pas totalement seul à défendre son maintien à la tête du gouvernement. Son ministre de la Justice et son ministre de l’Intérieur ont répondu présent, même si Gérald Darmanin et Bruno Retailleau ont bien été forcés d’admettre que la chute de François Bayrou serait inévitable sans changement d’attitude de la part des oppositions.
Mais le garde des Sceaux a exprimé un soutien clair lors de sa rentrée politique dans son fief de Tourcoing (Nord). Mettant en garde contre les menaces que ferait peser la chute du gouvernement sur les institutions de la Ve République, Gérald Darmanin a appelé le PS, «un grand parti d’opposition» mais aussi LR, son ancien parti, à soutenir le gouvernement.
Même son de cloche du côté de la place Beauvau. «On ne va pas rejoindre les incendiaires qui voudraient allumer la mèche de ce qui pourrait être une explosion financière et budgétaire», a martelé le ministre Bruno Retailleau, par ailleurs président de Les Républicains, qui a très vite annoncé que les députés LR voteraient la confiance.
Changer de premier ministre, mais éviter la dissolution
Une initiative qui a fortement déplu à Laurent Wauquiez, le président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale, qui avait demandé depuis la Haute-Loire que les adhérents du parti soient consultés sur cette question. Une quinzaine de députés LR, comme Ian Boucard ou Julien Dive, pourraient du reste s’abstenir.
Mais de là à appeler à appeler de leurs vœux une dissolution ? Les LR indociles, à l’instar de leurs collègues du groupe, s’y préparent mais ne l’espèrent pas. Le risque de voir leur formation, déjà réduite à moins de 50 sièges, s’amaigrir encore, est grand. Même raisonnement du côté du Parti socialiste (PS) : Matignon oui, dissolution non. Si les troupes d’Olivier Faure n’ont que des plumes à perdre dans de nouvelles législatives, la chute attendue de Bayrou pourrait les replacer au centre du jeu.
Au campus du parti à Blois, ce week-end, les cadres du parti ont donc martelé que le PS était prêt à gouverner «de François Ruffin à Raphaël Glucksmann». L’option pourrait-elle séduire jusqu’à certains membres du gouvernement ? À la question de savoir s’il fallait un nouveau premier ministre de gauche, l’actuelle ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a répondu que celui-ci devrait en tout cas tendre la main «aux sociaux-démocrates et aux syndicats réformistes».
Dissoudre l’Assemblée nationale et obtenir la démission d’Emmanuel Macron
Après l’annonce du vote de confiance, la cheffe de file des députés RN Marine le Pen avait indiqué que son groupe voterait contre et s’était empressée d’appeler à la dissolution. Mais elle n’a jamais appelé explicitement à la démission d’Emmanuel Macron, se contentant de déclarer qu’elle s’y préparait.
En revanche, le président du RN Jordan Bardella a interpellé sans ambiguïtés le chef de l’État, demandant soit «la dissolution», soit qu’il «remette sa démission». Il est loin d’être le seul. Les voix les plus radicales sont venues d’un attelage baroque allant, outre le président du parti à la flamme, de Jean-Luc Mélenchon à Éric Zemmour et Sarah Knafo, en passant par Éric Ciotti.
Sans oublier Jean-François Copé et David Lisnard. «Emmanuel Macron doit avoir un geste gaullien et programmer sa démission», déclarait la semaine dernière le maire de Meaux (Seine-et-Marne ) dans nos colonnes. «Une démission du président annoncée plusieurs mois avant permettrait de réamorcer un cycle électoral ordonné et de relégitimer l’action publique, renchérissait dimanche David Lisnard. Emmanuel Macron devrait prendre acte d’un blocage dont il est en grande partie responsable.»
Comme l’an passé, LFI déposera même une motion de destitution du chef de l’État à l’Assemblée le 23 septembre prochain. Une stratégie radicale rejetée en bloc par le reste de la gauche. «Jean-Luc Mélenchon acte l’isolement de LFI, comme si seuls les Insoumis pouvaient gagner et être la solution», a tancé Clémentine Autain, ancienne députée Insoumise qui siège désormais avec les écologistes.