Festival de Cannes 2025 : Thomas Ngijol brise le plafond de verre avec un thriller dense se déroulant au Cameroun
Séquence émotion au théâtre de la Croisette quand Thomas Ngijol a présenté son film, Indomptables, projeté à la Quinzaine des cinéastes, devant une salle comble. "C'est mon film le plus personnel, il traite des sujets qui m'habitent depuis les années 1990. C'est aussi l'endroit où je voulais aller pour me raconter", confie le cinéaste entre deux silences chargés d'émotion. Le film sort en salle mercredi 11 juin.
"Cette aventure est exceptionnelle. J'avais envie de casser le plafond de verre de la comédie, tout en assumant le passé." Toujours aussi bouleversé, il assure assumer ses sentiments. "Je suis originaire du Cameroun, et faire un film dans le pays de mes parents et grands-parents, ce n'est pas rien, travailler avec des acteurs du pays, ce n'est pas rien. Dans ce film, je voulais mêler l'intime au populaire." En retour de ces confidences, une partie du public lui fait part de son affection.
Dans Indomptables – un clin d'œil à l'équipe camerounaise de foot ? Une déclaration de résilience ? – le cinéaste change totalement de registre. Dans cette adaptation du documentaire de Mosco Boucault, Un crime à Abidjan, Thomas Ngijol interprète un commissaire de police sous tension et un père de famille dépassé. Il est constamment dans l'urgence, à bord de la rupture.
Prisonnier d'un passé fantasmé, il peine à vivre dans le présent, d'où les relations conflictuelles avec ses enfants, notamment sa fille Adeline. Comme ce savoureux échange entre le commissaire et sa femme : "Nos enfants ont la vie facile", se plaint le flic. "Et c'est pour ça que tu veux la leur compliquer !?", s'indigne son épouse.
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Un policier est abattu d'une balle dans le cœur à Yaoundé. La police est sur les dents, le commissaire Billong est chargé de l'enquête. Malgré des interrogatoires musclés, intimidations et méthodes expéditives, l'enquête piétine.
Au-delà de l'intrigue, somme toute assez classique, l'essentiel est ailleurs. Le volet social et politique est survolé. Les coupures récurrentes d'électricité (et l'incroyable scène qui en découle) montrent la défaillance des services publics sans aller plus loin. Et c'est là la force et la faiblesse de ce film qui dresse sans véritablement creuser le portrait d'une ville et d'une société. Indomptables s'approche, pour s'en éloigner assez vite, de l'œuvre de l'écrivain Mongo Beti qui dénonçait les travers de la société camerounaise dans ses polars.
Indomptables est une promesse et un rendez-vous : Thomas Ngijol, devant et derrière la caméra, a réussi son pari et entame un nouveau départ.
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La fiche
Réalisation et scénario : Thomas Ngijol
Durée : 1h21
Distribution : Thomas Ngijol, Danilo Melande, Bienvenue Mvoe
Sortie en salles : 11 juin 2025
Synopsis : À Yaoundé, le commissaire Billong enquête sur le meurtre d'un officier de police. Dans la rue comme au sein de sa famille, il peine à maintenir l'ordre. Homme de principe et de tradition, il approche du point de rupture.