Un colonel retraité jugé après la découverte de documents de secret-défense dans une maison squattée

Un colonel à la retraite a été jugé mardi à Lille pour avoir laissé pendant des années dans la maison de sa défunte mère des documents classés secret de défense nationale, découverts en 2020 par deux amateurs d'«urbex», jugés à ses côtés. Le procureur a requis deux mois de prison avec sursis contre l'ancien colonel et les deux explorateurs urbains. La décision sera rendue le 1er octobre.

L'ancien militaire, âgé de 71 ans et retraité de l'armée de l'air depuis 2007, était poursuivi pour divulgation de secret de défense nationale par négligence. Les deux amateurs d'exploration urbaine («urbex») l'étaient, l'un pour appropriation, l'autre pour reproduction d'un secret de défense nationale. Situé au Havre, l'ancien domicile de la mère du militaire était «devenu un squat régulièrement fréquenté» après le décès de son occupante en 2008, selon le président du tribunal.

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Si le colonel a reconnu qu'il y avait eu, après le décès de sa mère, plusieurs intrusions dans cette «maison bourgeoise» située à 400 mètres de la mer, il a assuré que lui, sa sœur ou ses neveux et nièces s'y rendaient encore «régulièrement» à l'époque de la découverte des documents.

«On n’est pas formé à agir quand on trouve des documents confidentiels défense»

En mai 2020, un homme de 25 ans s'adonne à de l'urbex dans cette maison, et découvre des documents sur lesquels figure, au tampon rouge, l'inscription «Confidentiel défense». Contre l'avis de sa compagne, il récupère une partie des documents et informe un adjudant de gendarmerie de sa découverte. Trois jours plus tard, six personnes, dont le couple, sont interpellées au sein de la maison, où ils étaient retournés pour remettre selon eux les documents en place. «On n'est pas formé à agir quand on trouve des documents confidentiels défense», a plaidé l'avocat des explorateurs urbains, Romain Vandeville, du cabinet Jérémy Kalfon. «C'est grâce à eux que les documents ont été remis» aux autorités compétentes, a-t-il souligné.

Ces pièces, principalement des documents papier datés des années 1980 et 1990 ainsi qu'une disquette de 1998, sont des «documents d'information générale» qui ne sont pas sensibles, a tenté de relativiser le colonel à la retraite. Il a reconnu «une négligence» concernant ces documents qu'il «avait oubliés» dans l'armoire de sa chambre et qui étaient notamment relatifs à des satellites militaires.