Correspondant à Londres
D’une rive à l’autre de la Manche, préparer l’avenir de la littérature. C’est là toute l’ambition du nouveau prix de l’Entente littéraire, remis hier à Londres en présence de la reine Camilla et de Brigitte Macron. La distinction récompense des ouvrages destinés aux adolescents et aux jeunes adultes, tout en nourrissant les liens culturels entre les deux pays.
Pour cette première édition, qui s’est déroulée à la Résidence de France, la reine et la première dame française ont remis le prix de l’Entente littéraire à Lucie Bryon, pour son livre Thieves et à Manon Steffan Ros pour son roman Le Livre bleu de Nebo ainsi qu’à Lise Garoud pour la traduction en français de cet ouvrage. La présidente du jury, la romancière britannique Joanne Harris, a salué « un prix doublement précieux car il célèbre la littérature pour adolescents et jeunes adultes et il est presque unique en couronnant autant le traducteur, au rôle majeur, que l’auteur. Il célèbre également la relation entre nos deux pays, riches d’un patrimoine littéraire et d’une histoire commune. »
La création de ce prix de l’Entente littéraire avait été annoncée en septembre 2023 par la reine et Brigitte Macron, lors de la visite d’État du roi Charles III en France. Férue de littérature, très engagée pour la lecture et l’alphabétisation, la reine Camilla avait alors vanté « la capacité des livres à apporter de la joie et du réconfort, une compagnie, des rires et de l’espoir ; à ouvrir nos yeux à d’autres expériences et à nous rappeler que nous ne sommes pas seuls ». Elle avait cité Victor Hugo : « Apprendre à lire, c’est allumer du feu ; toute syllabe épelée étincelle ».
Victor Hugo et Jane Austen
Par politesse croisée, Brigitte Macron avait cité Jane Austen : « Il n’y a pas de plaisir qui vaille la lecture ! Comme on se fatigue plus vite de toute chose que d’un livre ! » L’ancienne professeure de Lettres avait elle aussi souligné les vertus des livres « qui nous accompagnent dans notre construction personnelle, nous donnent des clés pour comprendre les autres et nous ouvrent les portes de l’imaginaire ».
Ce prix s’inscrit dans une dynamique de rapprochement entre les deux pays, après un certain froid durant la saga des négociations du Brexit. C’est lors d’un sommet de relance de la relation bilatérale, en mars 2023, que le premier ministre britannique Rishi Sunak et Emmanuel Macron avaient décidé de la création d’un prix littéraire. Celui-ci avait ensuite été annoncé lors du voyage de Charles III, au mois de septembre suivant. Cet évènement culturel vient dans le sillage des célébrations du 120e anniversaire de l’Entente Cordiale qui se sont déroulées des deux côtés de la Manche cette année.
Organisé par l’Institut français du Royaume-Uni et la Royal Society of Literature, ce prix entend promouvoir le partage d’expériences littéraires entre la France et le Royaume-Uni. Sous la houlette de Joanne Harris, le jury était composé d’auteurs renommés de la littérature « jeunesse » : les Français Marie-Aude Murail et Timothée de Fombelle et les Britanniques Patrice Lawrence et Joseph Coelho. « L’enjeu est primordial pour la littérature, a encore dit Joanne Harris, il s’agit de donner envie aux jeunes d’être des lecteurs toute leur vie ».