L’identité du quatrième premier ministre de l’année a enfin été révélée. Après Élisabeth Borne, Gabriel Attal et Michel Barnier... François Bayrou vient d’être nommé par Emmanuel Macron ce vendredi 13 décembre. Si le président du MoDem est un allié solide du président depuis de début de son premier mandat, il ne l’a pas toujours soutenu.
Quelques mois avant l’élection qui a ouvert les portes de l’Élysée au candidat En Marche!, François Bayrou s’était montré réticent à propos de sa possible élection. «Je suis absolument sceptique sur cette affaire, et quand je dis sceptique, c’est le mot le plus modéré que je puisse choisir, avait-il lâché sur le plateau de BFMTV en septembre 2016. Ça ne marchera pas, parce que les Français vont voir ce que cette démarche signifie, ce qu’il y a derrière tout ça, derrière cet hologramme.»
À l’époque, François Bayrou le qualifiait de candidat des «forces de l’argent». Il dénonçait les «grands intérêts financiers» de celui qui avait été ministre de l’Économie, «incompatibles avec l’impartialité exigée par la fonction politique». «Il y a là une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d’avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique», poursuivait à l’époque le maire de Pau, avant de poursuivre : «On a déjà essayé en 2007 avec Nicolas Sarkozy et ça n’a pas très bien marché. On a essayé en 2012 avec Dominique Strauss-Kahn…»
À ces attaques, Emmanuel Macron avait répondu en pointant «un discours simpliste qui n’honore pas celui qui l’émet, parce qu’insulter les autres, les attaquer, ça ne vaut pas projet».
«Volte-face»
Le haut-commissaire au plan avait finalement décidé de soutenir Emmanuel Macron le 22 février 2017, en annonçant une «alliance» surprise en conférence de presse. «Il faut changer les choses et le faire d’urgence. Unissons nos forces», avait-il alors lancé. François Bayrou aurait accepté de nouer ce pacte à la condition d’inscrire dans le programme présidentiel une proposition de loi sur «la moralisation de la vie politique», en la reliant aux «affaires» touchant François Fillon. «Ce n’est pas une volte-face, c’est une garantie obtenue», s’était-il ainsi défendu un peu plus tard sur France 2. «C’est une exigence sans laquelle je n’aurais pas fait cette alliance», avait-il ajouté.
Sauf que ce n’était pas la première fois que François Bayrou critiquait Emmanuel Macron. Le 5 février 2017, le patron du MoDem avait estimé que le discours de l’ancien banquier d’affaires prononcé à Lyon manquait «beaucoup de substance», lui reprochant de «faire des promesses à tout le monde», rappelle Public Sénat . «Il ne suffit pas de dire qu’on n’est ni de droite ni de gauche pour être centriste», avait-il également déclaré.
François Bayrou avait, par ailleurs, plusieurs fois vilipendé le bilan du président quand il était ministre de l’Économie (d’août 2014 à août 2016). «Emmanuel Macron est le principal responsable de la politique économique de François Hollande depuis quatre ans. Pour quel résultat ?», s’interrogeait-il avec acidité en septembre 2016.