PSG : Luis Enrique, Ballon d’or, équipe de France… Ousmane Dembélé, une mue spectaculaire en cinq questions
«Il faut lui demander ce qu’il a mangé depuis Noël». Luis Enrique préfère en sourire. Ousmane Dembélé marche sur l’eau depuis de longues semaines maintenant. Et notamment depuis le début de l’année. Auteur d’un doublé mardi, contre Brest (0-3), en Ligue des champions, l’ailier international tricolore (53 sél., 6 buts) de 27 ans tourne au super en termes de statistiques. Jusqu’ici, il était connu pour sa capacité à déséquilibrer le bloc adverse, sa faculté à éliminer en un contre un et… son manque de rigueur dans le dernier geste. Le voilà totalement transformé, une vraie machine à marquer.
Déjà 23 réalisations cette saison, dont 18 sur ses 11 dernières sorties toutes compétitions confondues et 15 en huit matchs depuis le début de l’année. Le meilleur buteur d’Europe en 2025, c’est lui ! Loin devant le Marocain Youssef En-Nesyri (11 buts en 9 matchs, Fenerbahçe), un certain Kylian Mbappé (10 buts en 12 matchs, Real Madrid) ou encore l’Italien Mateo Retegui (9 buts en 9 matchs, Atalanta). Les performances de «Dembouz» impressionnent, interpellent et posent plusieurs questions, avant le déplacement à Toulouse, ce samedi soir (21h05, DAZN), dans le cadre de la 22e journée de Ligue 1.
Quelle part pour Luis Enrique dans cette mue ?
Forcément grande. Essentielle en fait. Ailier gauche, deuxième attaquant ou même dans le trio du milieu, Ousmane Dembélé a souvent été baladé de poste en poste. En faux 9 aussi, à Barcelone et à Paris, dès la saison passée. On l’a tout de même surtout vu en tant qu’ailier droit, club et en sélection. Luis Enrique l’utilise désormais essentiellement dans l’axe. Pari gagnant. «Dembouz» ne s’est pas acheté la panoplie du parfait avant-centre pour autant, mais il tire le meilleur parti de ce repositionnement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 10 buts en 15 matchs cette saison lorsqu’il évolue sur l’aile, 12 en huit matchs comme faux 9. Moins de touches de balle, moins de séries de drible, mais plus de présence dans la zone de vérité, de simplicité.
«J’ai moins de courses à faire, je suis plus lucide devant le but, et je suis très bien servi. Sur certains buts, je n’ai plus qu’à la pousser au fond», décrypte l’intéressé. S’il n’a plus qu’à mettre le pied, c’est aussi que Dembélé brille par sa lecture. Par ses choix tactiques, Luis Enrique est en tout cas très impliqué dans la réussite actuelle de l’ex-joueur du Barça. Son management aussi : on se souvient que le coach espagnol l’avait puni avant Arsenal (défaite 0-2), il l’avait aussi chargé après sa «grosse erreur» à Munich (défaite 0-1) et n’avait pas hésité à se passer de lui dans les matchs avant Salzbourg (victoire 3-0), où il était suspendu. «La meilleure chose que j’ai faite avec lui, ça a été de ne pas le faire jouer contre Arsenal, ma meilleure décision cette année», jure-t-il. Ce ne sont «pas des bros» , mais Luis Enrique sait tirer le meilleur du Français.
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Une question de volonté ?
Évidemment, c’est Ousmane Dembélé qui reste le premier responsable de sa réussite actuelle. Par son travail bien sûr, mais aussi sa prise de conscience. Son pari sur les montres de luxe est un indicateur. Avec son pote Kylian Mbappé parti, il a décidé de prendre ses responsabilités. «Cette saison, je vais essayer de tenter encore plus ma chance et d’être un peu plus personnel», promettait-il en septembre dernier, ajoutant faire «beaucoup d’exercices de finition cette saison» avec Luis Enrique. «Il me dit toujours de cadrer, de prendre ma chance mais de surtout cadrer. Chaque entraînement, j’essaie de travailler cela», poursuivait-il. Didier Deschamps relève au passage que Dembélé «a toujours été très adroit sur les exercices de finition» avec les Bleus, à l’entraînement. La différence, c’est qu’il «ne sort pas de sprints de 30 mètres et il ne force pas. Avec moins d’efforts défensifs, il est plus lucide».
Peut-il continuer sur son rythme actuel ?
Il ne faut jamais dire jamais, et encore moins dans le sport de haut niveau, mais tout de même… Le rythme actuel, c’est quasiment deux buts par match en 2025. Sur une saison, on n’a par exemple jamais vu Leo Messi ou Cristiano Ronaldo afficher de telles moyennes. La «Pulga» a par exemple fini la campagne 2011-12 avec 1,35 but par match (50 en 37 rencontres) au FC Barcelone. Bref, Dembélé va ralentir le rythme, c’est sûr. Reste à savoir dans quelle mesure. Rappelons qu’il n’avait jamais dépassé la barre des 14 réalisations en une saison jusqu’ici. Six buts en 2023-24. Il est déjà à 23. Quel total à la fin de la saison ? 30 ? 35 ? 40 ? Kylian Mbappé avait bouclé 2023-24 avec 44 buts. Record avec la tunique parisienne sur une saison ? Zlatan Ibrahimovic avait trouvé le chemin des filets à 50 reprises en 2015-16.
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Dembélé devient-il un candidat au Ballon d’or ?
«S’il avait une qualité de finition supérieure, il serait peut-être Ballon d’or aujourd’hui». Voilà ce que disait son ancien entraîneur à Rennes, Julien Stéphan, en avril 2024. C’est en effet tout ce qui manquait à Ousmane Dembélé pour prétendre aux plus hautes distinctions individuelles, sachant qu’il peut regarder n’importe qui dans les yeux en termes de talent pur. «Je trouve que c’est un joueur hors-norme. Dans le déséquilibre, le dribble, la faculté à créer des espaces, c’est un joueur exceptionnel», ajoutait Stéphan. Toujours amateurs de statistiques et forcément sensibles aux qualités techniques du garçon, les membres du jury seront sans doute tentés de lui offrir une place dans le Top 30 du Ballon d’or s’il continue à affoler les statistiques... et que Paris avançait en Ligue des champions.
Top 30 du Ballon d’or, ce serait d’ailleurs une première pour Dembélé. Pour ce qui est de rafler la mise et d’apparaître comme un vrai prétendant à la succession de Rodri, une montagne de buts et un triplé en France ne suffit pas, demandez à Mbappé. Mo Salah (Liverpool) et d’autres (Mbappé, Kane, Raphinha…) sont forcément mieux placés. Bref, pour une place dans les 30, «Dembouz» est bien parti. Pour le reste, le PSG devra tutoyer les sommets.
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Quid de l’équipe de France ?
Après le départ d’Olivier Giroud, Didier Deschamps dispose de plusieurs options en tant que 9, dont Randal Kolo Muani - meilleur buteur des Bleus en 2024 et qui flambe à la Juventus - et Marcus Thuram. Il peut aussi utiliser Mbappé, même si ce n’est pas sa tasse de thé. Lors du rassemblement de mars, le sélectionneur pourrait-il être tenté par l’option Dembélé ? «Ce sera un joueur offensif (sourire). Il a toujours été créatif et est beaucoup plus décisif cette saison», glisse «DD». Et d’ajouter : «Je fais toujours en sorte de mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Que cela lui convienne à Paris, oui. Après, il est capable de jouer à plusieurs postes». D’ailleurs, Deschamps ne manque pas de relever que Dembélé, qui n’est «pas un avant-centre» bouge beaucoup au fil des matchs, même quand il débute dans l’axe : «Prenez des photographies à dix moments différents dans le match et vous verrez : il est à droite, à gauche, au milieu. Certes, il est à la finition, c’est sûr. Il peut être un peu partout. Créer de l’incertitude pour l’adversaire est important».
Last but not least, Didier Deschamps avoue qu’il avait une idée derrière la tête avant le stage de novembre : «Je peux vous le dire maintenant, s’il n’avait pas été blessé au dernier stage, il aurait évolué dans une position différente (dans l’axe). À Dortmund il était dans un milieu à trois, et pas pointe haute. Il a le volume. Après, c’est aussi une question d’équilibre collectif». Une chose est sûre : l’efficacité de Dembélé ne laisse pas insensible le sélectionneur.