Le Louvre : les chiffres fous du musée le plus fréquenté au monde
Emmanuel Macron se rend mardi après-midi au Louvre le temps d’une visite qui doit se conclure par des annonces. Depuis plus de deux ans, il a sur son bureau à l’Élysée un rapport de la présidente du Louvre, Laurence des Cars, sur l’avenir du musée et les nécessaires travaux à y mener. Nommée en 2021 par Macron, elle y défend notamment l’obligatoire adaptation du bâtiment à sa fréquentation record. Mais la nouvelle entrée, les nouveaux espaces d’accueil, les salles dédiées à La Joconde et la multitude de travaux d’entretien projetés ont un coût faramineux. État des lieux en chiffres.
30 000 visiteurs par jour, 313 jours par an
Le Louvre a l’honneur d’être le musée le plus visité au monde. En 2018, le musée enregistre une fréquentation record avec plus de 10,2 millions de visiteurs, chiffre qui s’est légèrement tassé depuis la crise sanitaire (8,9 millions de visiteurs en 2024). Résultat : certains jours d’été, c’est l’émeute sous la pyramide et devant La Joconde. Laurence des Cars, présidente du Louvre, a limité la fréquentation à 30 000 personnes par jour, qui y passe en moyenne 50 minutes.
Parmi les visiteurs, deux sur trois (68%) sont étrangers, dont 11% d’Américains, 6,4% d’Italiens et 5,7% d’Allemands. La part des Chinois, des Indiens et des Sud-Américains ne cesse de croître. En réalité, aucune nation ou presque n’est écartée du Louvre.
Le billet d’entrée est pour l’instant à 22 euros, mais il est gratuit pour les moins de 26 ans de l’Union européenne, les chômeurs ou les enseignants. Au final, près de 40% des visiteurs ne paient rien mais ce sont pour les deux tiers des Français. En 2023, la billetterie a tout de même représenté 100 millions d’euros de recettes.
Un palais de plus 24 hectares
30 000 œuvres accrochées dans neuf départements et 496 710 au total dans les collections, 244 000 m2 de plancher, dont 86 000m2 ouverts à la visite, 37 hectares de jardins et d’espace extérieurs... L’ancienne demeure royale est immense et, donc, très difficile à entretenir. Son usage n’est pas des plus facile pour le visiteur, qui à tendance à s’y perdre. Le circuit passant par l’aile Denon, qui mène à La Joconde, est aujourd’hui saturé. Jean-Luc Martinez, ancien président du Louvre, avait fait refaire les caisses, instauré des espaces pour les 350 000 scolaires qui visitent le musée chaque année et ouvert les réservations par internet. Ces dernières sont désormais l’usage, et permettent de «lisser» les foules.
323 millions de budget de fonctionnement
Avec ses 2 200 agents, dont 1 285 dédiés à la surveillance, le musée est un monde. Selon le rapport annuel 2023, les charges de fonctionnement représentent 323 millions d’euros. L’État prend sa part chaque année en réglant les salaires et en faisant face aux dépenses d’investissement, comme les travaux. Ce n’est pas une faveur faite au Louvre, puisque tous les établissements culturels publics voient leurs travaux pris en charge, pour tout ou partie, par la puissance publique. En 2024, la subvention versée au Louvre équivalait à 100 millions d’euros.
60 % de ressources propres
Les ressources propres au musée s’élèvent à 180 millions en 2023, soit quasiment deux tiers de son budget de fonctionnement. Revers positif de la surfréquentation, le musée est une « cash machine » comparé aux autres institutions culturelles. La seule billetterie représente ainsi la moitié de ces ressources propres. Mais le Louvre a diversifié ses sources de financement. En 2023, le mécénat a rapporté 25,2 millions d’euros et l’exploitation de la marque 20,6 millions. Le musée bénéficie par ailleurs d’une manne considérable, 165 millions, versée par les Émirats arabes unis, en contrepartie du Louvre Abu Dhabi. Elle pourrait être mobilisée pour les futurs grands travaux.
Des projets de travaux hors normes
En matière de chantier, plusieurs options aujourd’hui sont sur la table selon que le Louvre s’engage dans une nouvelle vague de travaux d’entretien ou dans des projets plus ambitieux de création de nouvelles salles ou même d’une nouvelle entrée sur la façade est, celle de la colonnade. Selon nos informations, les travaux d’entretien qui concernent les fuites, les mises aux normes, la climatisation du grand hall de la pyramide représentent 500 millions d’euros. Ces investissements pourraient cependant s’étendre sur plusieurs années. La nouvelle entrée Perrault, devant Saint-Germain l’Auxerrois, avec ses accès souterrains qui passent sous le Louvre et la Cour carrée et ses éventuelles salles dédiées à La Joconde est, elle, estimée à 400 millions d’euros supplémentaires.