«Le président ne devrait pas pouvoir rester s'il avait un vrai désaveu» : Emmanuel Macron rattrapé par ses propos de 2019
«Le président de la République ne devrait pas pouvoir rester (en poste) s'il avait un vrai désaveu en termes de majorité». En politique, la boîte à archives fait souvent très mal, et Emmanuel Macron en fait la douloureuse expérience. Ce vendredi, a ressurgi sur les réseaux sociaux un court extrait vidéo datant de 2019, où le président de la République fustige «ses prédécesseurs» n’ayant pas tiré les conséquences politiques d’un revers électoral. Deux mois après avoir largement perdu les élections européennes et législatives, ses propos lui reviennent comme un boomerang.
Le 18 mars 2019, au sortir de la crise des «gilets jaunes», Emmanuel Macron reçoit 64 intellectuels à l’Élysée. Durant près de 8 heures, le chef de l’État disserte, en direct sur France Culture, face à un auditoire composé de philosophes, juristes, économistes, ou sociologues. Quatre ans plus tard, sa réponse à une question du constitutionnaliste Olivier Beaud prend toute sa saveur.
Aux alentours d’une heure du matin, le professeur de droit interroge le président de la République sur ce qu’il considère comme «le talon d’Achille de la Ve République» : l’irresponsabilité politique du chef de l’État. Pour lui, «vous avez un président qui décide, mais il y a un bémol, c’est qu’il a un pouvoir sans responsabilité». Une heure plus tard, Emmanuel Macron répond au juriste. Celui qui n’est alors élu que depuis deux ans observe un «changement dans la pratique institutionnelle». Depuis la démission du général de Gaulle, «on a accepté la cohabitation et la non-démission après un référendum (perdu)».
Le jeune président critique ses «prédécesseurs», qui «ont perdu les législatives en cours du mandat et n'en ont pas tiré les conséquences pour eux-mêmes». «Ils ont fait vivre un système de cohabitation dont on peut penser que le général de Gaulle ne l'aurait pas pris pour lui-même, et aurait exercé une forme de responsabilité politique», poursuit-il.
Ne souhaitant pas insulter l’avenir, Emmanuel Macron veille bien à préciser ne pas «savoir les conséquences» qu’il tirerait lui-même en cas de revers. Ajoutant cependant : «Le président de la République ne devrait pas pouvoir rester (en poste) s’il avait un vrai désaveu en termes de majorité, en tout cas c’est l’idée que je m’en fais». Une analyse qui dénote avec ses refus successifs de démissionner après ses défaites aux élections européennes et législatives.
Ironie de l’histoire, alors que les troupes de Jean-Luc Mélenchon ont engagé une procédure de destitution contre lui, ce dernier préconisait, ce même soir de mars 2019, d’introduire une plus grande responsabilité politique du président devant le Parlement, «une procédure de type impeachment».