Pour une équipe championne d’Europe en titre et finaliste malheureux du Top 14 pour la deuxième année d’affilée, ça fait tache. En ce début de saison, les Bordelais voyagent (très) mal. Défaite 44-32 dans la salle de spectacle du Racing 92, puis fessée 28 à 7 (sans parler des 5 essais refusés aux Parisiens…) sur la pelouse du Stade Français. Avec, samedi dernier, un manque criant d’engagement, en particulier des avants mis de nombreuses fois sur le reculoir par les Soldats roses.
Pointée du doigt pour la supposée faiblesse de son pack, l’UBB avait, la saison dernière, affiché ses progrès dans le secteur du combat d’avants. Plus dense, plus dominateur. Et là, patatras, tout est à refaire. Et de s’interroger sur certains choix. Les rudes Ben Tameifuna (pilier retenu par la sélection des Tonga) et Adam Coleman (appendicite) font défaut. Tout comme les deux gros-porteurs qu’étaient l’Australien Pete Samu et le Japonais Tevita Tatafu, repartis dans leurs pays respectifs à l’intersaison. Leurs remplaçants ne les ont pas fait oublier, que ce soit Cameron Woki, au registre plus aérien, ou le Springbok Jean-Luc du Preez, actuellement blessé.
Passer la publicitéPeut-être que, comme on est champion d’Europe, on pense inconsciemment que ça va être facile
Christophe Laussucq, entraîneur de la défense de l’UBB
Résultat, le pack girondin manque de percussion, de puissance, de férocité. Un constat validé par le staff de l’UBB. «Le rugby est un sport de combat. Nos porteurs de balle n’avancent pas, nos plaquages sont ratés. On est dominé physiquement», énumère Christophe Laussucq, l’entraîneur de la défense. Son manager s’attache cependant à ne pas se focaliser uniquement sur les avants. «Je pense que c’est un de nos pires matchs sur le jeu au sol, reconnaît Yannick Bru. On est déçus de notre engagement, de notre réactivité, de notre vigilance tout simplement. Mais, comme je dis souvent, on gagne ensemble, on rigole ensemble et on perd ensemble. Après, ce qui est certain, c’est que ce n’est pas acceptable...»
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La faillite du pack a été criante mais, dans le détail, d’autres faiblesses interrogent en effet. L’indiscipline, les plaquages manqués ou subis, la domination sous les ballons aériens. Sans oublier le mental. «Il y a peut-être d’autres facteurs qui peuvent rentrer en jeu, concède Christophe Laussucq, interrogé par ICI Gironde. Peut-être que l’on n’est pas encore redescendu de notre nuage. Peut-être que, comme on s’appelle l’Union Bordeaux-Bègles, que l’on est champion d’Europe, que l’on a fait une grosse saison l’an dernier, on pense inconsciemment que ça va être facile et que l’on ne fait plus les efforts pour se faire mal.»
Et d’ajouter : «On pensait que la défaite au Racing était un accident, mais on s’est planté encore. C’est un avertissement. Les joueurs doivent se remettre en question. Il faut que chacun fasse les 10-20% de plus. Et nous, le staff, peut-être préparer les matchs un peu mieux, être plus humbles.»
Maxime Lucu manque cruellement
Pour la venue du LOU, 3e au classement avec une seule défaite en quatre journées, ce samedi soir au stade Chaban-Delmas, l’UBB doit retrouver «plus d’agressivité, plus d’efficacité» face à un adversaire réputé solide. «Trop de marqueurs rouges nous montrent que la partie mentale n’est pas là», prévient Yannick Bru. L’absence du patron, sur le terrain, de cette équipe se fait également ressentir. Maxime Lucu (pouce opéré) manque cruellement et son retour n’est pas attendu avant un mois.
Alors Matthieu Jalibert, dans les colonnes de L’Équipe, a lancé la révolte. «On doit comprendre que les équipes veulent nous faire la peau. On doit se réveiller. Après le match à Paris, il y a un sentiment de honte par rapport aux gens qui nous supportent. On doit augmenter notre niveau d’effort et de sacrifice, redescendre sur terre et revenir à ce qui fait la base du rugby.»