États-Unis : Donald Trump va reporter une nouvelle fois l'échéance sur la vente de TikTok
La vente de TikTok, imposée par le Congrès américain, tarde à se matérialiser. Donald Trump va donc, une nouvelle fois, renvoyer la date butoir, fixée jeudi, faute de feu vert de la Chine. Après avoir déjà reporté l'échéance à deux reprises de 75 jours, le président américain va prendre un nouveau décret pour surseoir de 90 jours, cette fois, a annoncé mardi 17 juin la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt. Le président américain "ne veut pas voir TikTok disparaître", a-t-elle déclaré.
Le réseau social reste, en effet, sous le coup d'une interdiction aux États-Unis, en vertu d'une loi votée au Congrès en 2024, si sa maison mère ByteDance n'en abandonne pas le contrôle.
Selon plusieurs médias américains, un protocole avait bien été trouvé début avril. Il prévoyait la séparation de TikTok US du groupe ByteDance, avec une recomposition du capital.
Les parts détenues par des investisseurs non chinois passaient de 60 à 80 %, ByteDance conservant les 20 % qu'elle possède actuellement.
Le groupe informatique Oracle, qui héberge déjà les données de TikTok US sur ses serveurs américains, devait être à la manoeuvre, accompagné, notamment, par le gestionnaire d'actifs Blackstone ou l'entrepreneur Michael Dell.
L'accord de la Chine attendu d'ici mi-septembre
Mais l'annonce de droits de douane imposés par Donald Trump à ses partenaires commerciaux, avec une note particulièrement salée pour la Chine, à 54 % (plus tard relevés jusqu'à 145 %), a bloqué la transaction côté chinois.
"Il nous faudra probablement l'accord de la Chine" d'ici mi-septembre, nouvelle date limite, a reconnu, mardi, Donald Trump. "Je pense que le président Xi finira par donner son feu vert."
"TikTok n'est plus simplement un réseau social", estime Shweta Singh, professeure à l'université britannique de Warwick. "C'est devenu un symbole de la rivalité technologique entre les États-Unis et la Chine."
Si les deux pays se sont entendus, début juin, sur un "cadre général" pour normaliser leurs relations commerciales, le dossier TikTok reste en souffrance. La plateforme n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Mais loin de pâtir de cette crise géopolitique, le réseau revendique toujours 170 millions d'utilisateurs aux États-Unis, dont 7,5 millions de comptes d'entreprises, des grands groupes aux PME.
"À moins de prendre Trump à rebrousse-poil, ils vont probablement continuer à bien se porter", anticipe Rob Enderle, analyste du cabinet Enderle Group. "Je ne vois pas de raison pour (le président) de s'en prendre à TikTok maintenant."
Selon le site spécialisé Appfigures, le réseau social est la deuxième application la plus téléchargée aux États-Unis derrière ChatGPT sur les téléphones Android.
Un report sans surprise
La mansuétude affichée par le milliardaire, qui a redit à la chaîne NBC avoir "un petit faible pour TikTok", a sensiblement dilué l'urgence de la situation. Sur la plateforme, seuls quelques messages évoquent, sans passion, la date du 19 juin, leurs auteurs convaincus d'un nouveau délai à venir.
Le contraste est marqué avec le début d'année, qui avait vu beaucoup d'influenceurs préparer leur migration vers d'autres cieux, en particulier Instagram ou YouTube.
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Pour l'instant, ByteDance n'a encore jamais accepté le principe d'une cession de ce bijou technologique, réclamée par le Congrès, qui s'inquiète de l'utilisation de données par la Chine ou d'une tentative d'influence de l'opinion américaine.
Mais à l'approche de la limite de jeudi, les élus du Congrès, pourtant très remontés il y a quelques mois, ont semblé se désintéresser désormais du dossier.
Avec AFP