La guerre de Trente Ans (1618-1648), dévastatrice, fut l’une des plus meurtrières de l’histoire de l’Europe. Presque un habitant sur cinq de la population du Saint Empire aurait perdu la vie. En Allemagne, le traumatisme a été marqué et durable. Les célèbres eaux-fortes du Lorrain Jacques Callot, Les Grandes Misères de la guerre, éditées durant cette sombre époque, en 1633,en témoignent. À la différence d’autres conflits armés plus longs mais ponctués de pauses, cette guerre de Trente Ans n’est pas entrecoupée de moments de trêve ou de paix.
Avec une clarté d’esprit remarquable, Claire Gantet, professeur d’histoire moderne à l’université de Fribourg, nous offre une vision renouvelée de ce conflit protéiforme, à la fois local, régional et transnational. Avec ses nombreux foyers connexes, il ne se laisse pas, en effet, couler dans un moule uniforme. La perspective familière aux Français d’un affrontement entre Habsbourg et Bourbons n’est qu’une facette parmi d’autres de cette guerre au caractère…