Foot : pourquoi le match Israël-France se jouera à Budapest ?
Pour la cinquième fois de suite, l'équipe d'Israël de football jouera un match «à domicile» qui n'aura pas lieu sur ses terres. Jeudi soir (20h45), c'est à la Bozsik Arena de Budapest qu'elle affrontera la France dans le cadre de la 3e journée de la Ligue des nations. Depuis le dernier match de la sélection à Tel-Aviv le 12 septembre 2023 et l'escalade de la guerre entre Israël et le Hamas, marquée entre autres par la série d'attaques terroristes du 7 octobre, organiser des rencontres de l'équipe nationale au sein du pays est jugé trop risqué.
C'est donc la Hongrie qui sert de terre d'accueil : deux fois à la Pancho Arena (Felcsut), une fois au stade Ferenc-Szusza (Budapest) et une fois à la Bozsik Arena (Budapest) qui servira à nouveau jeudi pour les Bleus. Pourquoi ? Avant tout parce que Viktor Orban, Premier ministre hongrois, a bien saisi l'outil de soft power que représente le football, sport qu'il affectionne. Et parce qu'il entretient de très bonnes relations avec Israël.
Orban, «véritable ami d’Israel» selon Netanyahou
«Nous avons une très bonne combinaison de connexions et relations personnelles et d'amour pur pour le sport et le football au sein du gouvernement hongrois», a confié Yacov Hadas-Handelsman, ambassadeur d'Israël en Hongrie, l'an dernier. En 2018, le Premier ministre de l'État hébreu, Benyamin Netanyahou, avait qualifié Orban de «véritable ami d'Israël». Un pays qui n'est pas le seul à profiter de l'hospitalité hongroise sur les terrains de football ces dernières années.
Lors de la pandémie de Covid-19 survenue en 2020, la Hongrie faisait partie des principaux pays à accueillir des matches qui devaient être délocalisés pour des raisons sanitaires. Son placement géographique, au centre de l'Europe, ainsi que les centaines de millions d'euros investis dans des infrastructures ces dernières années, ont fait de la Hongrie une terre d'accueil idéale. Récemment, la Biélorussie, dont l'organisation de matches chez elle est devenue risquée depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a joué «à domicile» en Hongrie, tout comme Israël.
La Hongrie en profite pour promouvoir sa politique anti-migrants
Enfin, ces matches représentent un enjeu en termes d'image du pays pour Orban, mais ils nourrissent aussi sa politique. Le dirigeant d'extrême droite est soupçonné d'entretenir ces liens avec Israël afin d'évacuer les accusations d'antisémitisme dont il a fait l'objet par le passé. Plusieurs pays occidentaux se sont insurgés de certains de ses propos à l'égard de George Soros, philanthrope juif d'origine hongroise et ouvertement opposé à la politique d'Orban.
«Nous combattons un ennemi d'un genre nouveau. Pas ouvert, mais caché. Pas national mais international, qui ne croit pas au travail mais qui spécule avec l'argent, qui n'a pas sa propre patrie mais qui estime qu’il possède le monde entier», avait déclaré Viktor Orban. Plus récemment, son directeur politique, Balazs Orban (aucun lien de famille avec le Premier ministre), affirmait que la Hongrie pouvait accueillir ces matches de foot contrairement aux pays occidentaux en raison de «l'immigration clandestine» qu'ils n'arriveraient pas à contrôler.
Des propos qui visaient la Belgique, qui devait affronter Israël à domicile mais qui a préféré délocaliser le match... en Hongrie, le 6 septembre dernier. La France, elle, a bien l’intention de disputer son second match de Ligue des nations contre Israël, prévu le 14 novembre, au sein de l’Hexagone. Sauf rebondissement, la rencontre se déroulera au Stade de France. Il n’est toutefois pas exclu qu’elle se tienne à huis clos, comme ce sera le cas ce jeudi à Budapest pour des raisons de sécurité.