Plus de 1500 personnes ont défilé vendredi 13 juin dans les rues de Nogent, en Haute-Marne, à l’invitation de la famille de Mélanie G., l’assistante d’éducation décédée mardi sous les coups de couteau d’un collégien de 14 ans. La marche blanche partie vers 18h00 de l’établissement scolaire a parcouru quelque huit cents mètres avant de rejoindre la mairie de cette commune de 3500 habitants. Parmi la foule venue rendre hommage à cette mère de famille de 31 ans, certains saluent « une belle solidarité » d’autres confient avoir « la boule au ventre ».
Les proches de la victime mortellement blessée mardi 10 juin autour de 8h15 devant le collège Françoise Dolto, ont souhaité un évènement qui symbolise « la joie de vivre de Mélanie ». La mairie et les médias locaux ont relayé leur demande sur les réseaux sociaux, invitant les participants à « ne pas porter de vêtements de couleur sombre », ajoutant qu’une présence en tenues colorées « sera un bel hommage à sa mémoire ».
« Elle était gentille...»
Une jeune maman, un enfant dans les bras, peine à retenir ses larmes. L’agence d’assurances où elle est employée jouxte le salon de coiffure où Mélanie G. a travaillé avant de prendre son poste de surveillante au collège de Nogent en septembre 2024. « On se croisait régulièrement le matin, on a le même âge et toutes deux un enfant en bas âge », s’émeut-elle. Plus loin, un collégien de 13 ans, scolarisé dans une autre commune, se souvient bien de la victime. « Elle a animé le centre de loisirs que j’ai fréquenté l’année dernière pendant les vacances scolaires ». « Elle était gentille, elle ne méritait pas ça », poursuit l’adolescent qui garde en mémoire « le souvenir d’une sortie au ski avec Mélanie au cours de laquelle on s’était super bien amusé ».
L’avancée n’est interrompue qu’un instant par des proches, fendant la foule, accompagnés du jeune fils de la victime, âgé de 4 ans. Leur passage est accompagné d’une chanson composée pour cet hommageÉvoquant ce territoire rural, un trentenaire résume : « Ici tout le monde se connaît. Je n’étais en relation personnellement avec Mélanie, mais nous avions des dizaines d’amis en commun ». Lui-même a commencé sa carrière comme assistant d’éducation dans un collège du secteur de Langres. Il parle d’un « métier de contact humain où on est très proche des élèves ». « Je n’arrive pas à imaginer qu’un élève, que l’équipe éducative n’aurait pas forcément repéré, puisse avoir un tel geste », livre-t-il en référence à l’auteur des faits qui a affirmé aux gendarmes avoir voulu s’en prendre à « une surveillante, sans en cibler une en particulier. » Dans le lycée où travaille actuellement le trentenaire, la minute de silence observée jeudi vers 12h par les élèves en hommage à Mélanie G. a été selon ses mots « un grand moment de respect, encore plus fort que lors des hommages rendus à Samuel Paty », le professeur d’histoire-géographie décédé dans une attaque terroriste islamiste en octobre 2020.
« Repose en paix, Mélanie »
À quelques mètres, Stéphanie explique avoir parcouru plus de 500 Km avec ses filles de 15 et 18 ans pour se joindre à cet hommage. Cette habitante du département des Vosges a une pensée pour la famille de Mélanie G. « dont la colère doit être immense ». Elle dit espérer « que cette marche blanche soulagera un instant la peine des proches » et confie avoir également une pensée pour les parents de l’auteur des faits mis en examen jeudi 12 juin pour « meurtre sur une personne chargée d’une mission de service public ». Le collégien de 3e encourt vingt ans de réclusion criminelle. Éducatrice dans un hôpital psychiatrique, Stéphanie poursuit, confiant observer au quotidien « une jeunesse à la dérive, depuis la pandémie de Covid ». Elle évoque des jeunes de 14 à 18 ans fragiles « qui jouent aux jeux vidéo la nuit dans le secret de leurs chambres, sans que leurs parents ne s’en aperçoivent et qui finissent par décompenser ».
Le cortège continue de progresser dans le calme vers la mairie de Nogent, une banderole, « Repose en paix, Mélanie » en tête, portée par la famille de Mélanie G. L’avancée n’est interrompue qu’un instant par des proches, fendant la foule, accompagnés du jeune fils de la victime, âgé de 4 ans. Leur passage est accompagné d’une chanson composée pour cet hommage.
Devant l’hôtel de ville, après une minute de silence saluée par de longs applaudissements, la foule se disperse. Certains reviennent sur leurs pas, se recueillir devant la grille du collège recouverte de fleurs, de dessins d’enfants et des messages en mémoire de l’assistante d’éducation.