Coupe du monde des clubs : 15 jours après son titre en Ligue des champions, comment le PSG peut-il être prêt physiquement et mentalement ?

Déjà l’heure de repasser le bleu de chauffe. Une dizaine de jours après leur victoire en finale de Ligue des champions, les joueurs du Paris Saint-Germain vont rechausser les crampons pour la première édition de la nouvelle Coupe du monde des clubs, qui se déroule du 14 juin au 13 juillet aux Etats-Unis. Un rythme effréné pour cette fin de saison 2025, d’autant plus si l’on ajoute la trêve internationale de juin et les deux matchs de sélections disputés par de nombreux joueurs.

"C’est vrai qu’on n’a plus beaucoup d’énergie, je commence à sentir la fatigue [...]. La saison est très longue. Il y a de l’usure, je commence à le sentir", confiait ainsi Vitinha devant les médias après la victoire du Portugal en Ligue des nations, dimanche 8 juin. De quoi s'interroger sur la préparation de l’événement, tant physique que mentale, et les conditions de performance.

Pas une situation totalement inédite

"Je ne suis pas forcément inquiet pour la partie physique, ce sont des athlètes de haut niveau et des compétiteurs, ils ont toujours envie de jouer et de faire des matchs, même si c’est vrai que ça peut parfois faire beaucoup", pose Alexandre Marles, préparateur physique, notamment passé par le club de la capitale, et par l’OL. Si la Coupe du monde des clubs est en elle-même une nouveauté, le fait que les saisons se prolongent jusqu'à l'été n'est pas inédit, rappelle-t-il : "Si on revient en arrière, en juillet dernier, beaucoup de joueurs terminaient l’Euro, autour du 10 juillet pour la France, du 14 pour l’Espagne et l’Angleterre. Les joueurs ont l’habitude des compétitions qui se terminent courant juillet, avec l’Euro, la Coupe du monde."

"Les joueurs sont professionnels, aujourd’hui il y a des staffs compétents dans toutes les équipes, les joueurs récupèrent mieux et on s’occupe d’eux au mieux."

Alexandre Marles, préparateur physique

à franceinfo: sport

Pour cet ultime tournoi de la saison, le PSG va notamment pouvoir s'appuyer sur une certaine fraîcheur physique, avec un groupe au complet, et deux pépins physique pour Ousmane Dembélé et Bradley Barcola, touchés respectivement aux quadriceps gauche et au genou droit lors de la demi-finale de Ligue des nations entre la France et l'Espagne. Le fruit d'un travail du staff toute la saison pour gérer la charge physique, selon Alexandre Marles : "Il y a eu un turnover assez exceptionnel de la part de Luis Enrique, la preuve en est, c’est une des seules équipes qui était au complet pour la fin de la Ligue des champions, il n’y a eu aucun joueur absent, blessé ou suspendu, c’était un vrai plus [...]. La rotation a permis d’éviter les blessures, et ça a été très bien fait." Si le PSG va au bout en Coupe du monde des clubs, seuls Fabian Ruiz, Désiré Doué et Bradley Barcola pourraient passer la barre des 60 rencontres jouées sous le maillot du PSG cette saison.

Pour le préparateur physique, les conditions de jeu aux Etats-Unis devraient aussi être favorables : "On n’est pas dans des conditions hivernales, les terrains sont bons, ils sont partis suffisamment tôt pour récupérer du décalage horaire et de la fatigue du voyage, donc il n’y a pas d’inquiétude particulière."

"Ça sollicite grandement au niveau mental, physique et émotionnel"

Mais peut-être plus que l'aspect physique, les interrogations entourent surtout la question psychologique et mentale. "Ils ont vécu une saison très longue, avec une charge d’entraînements et de matchs assez importante, et ça sollicite grandement au niveau mental, physique, et émotionnel", assure Raphaël Homat, préparateur mental spécialisé dans le sport. Pointés du doigt pour l'impact sur la forme physique des joueurs, les calendriers surchargés peuvent aussi avoir des conséquences sur la santé mentale et psychologique.

"Enchaîner avec une nouvelle compétition d’un mois exige une réinitialisation mentale", explique Fabrice Allouche, préparateur mental et ancien triple champion du monde de kick-boxing et boxe thaï. "Il faut créer une rupture psychologique volontaire avec la saison écoulée. Cela passe par un sas de décompression, suivi d’un nouveau pic de concentration sur des objectifs redéfinis. On doit mentalement refermer un chapitre avant d’en ouvrir un autre."

"Quand les compétitions s’enchaînent sans pause, les joueurs n’ont plus le temps d’intégrer leurs expériences ni de se régénérer mentalement. C’est ainsi que naissent l’usure psychique et la perte de fraîcheur émotionnelle."

Fabrice Allouche, préparateur mental et ancien triple champion du monde de kick-boxing et boxe thaï

à franceinfo: sport

Surtout que ce nouveau chapitre arrive après un temps fort majeur de leur saison, avec le premier sacre en Ligue des champions de l'histoire du club. Deux semaines seulement après la finale et les célébrations qui ont suivi, y a-t-il un risque de voir une forme de décompression ? "Gagner la Ligue des Champions peut paradoxalement générer un creux mental. C’est ce qu’on appelle en préparation mentale le syndrome du sommet atteint : une forme de vide après avoir accompli ce qui est souvent considéré comme l’objectif ultime", prévient Fabrice Allouche.

À entendre Luis Enrique et Marquinhos, le groupe a déjà basculé vers l'objectif du Mondial des clubs. "Dans chaque compétition, le PSG a l’ambition de figurer parmi les meilleurs. On sait que la route sera longue et difficile, mais on a vraiment hâte de découvrir à quoi peut ressembler ce genre de compétition", a ainsi affirmé le capitaine brésilien sur le site de la Fifa.

Car les Parisiens peuvent également être toujours portés par l'euphorie de la victoire. "Je pense qu’ils peuvent surfer sur une vague, sur une dynamique, sur une euphorie", estime Raphaël Homat. "Selon moi, ça aurait été encore plus dur après une très grosse désillusion. Ils en auraient pris cinq face à l’Inter, ça aurait été très difficile d’y aller." Ils démarreront bien leur Mondial, dimanche 15 juin face à l'Atlético de Madrid, en tant que champions d'Europe, et avec l'objectif de réaliser un quintuplé inédit.