«Faire les choses dans l’ordre» : Dominique de Villepin appelle Emmanuel Macron à nommer un premier ministre de gauche

«Faire les choses dans l’ordre» : Dominique de Villepin appelle Emmanuel Macron à nommer un premier ministre de gauche

Dominique de Villepin invité ce mercredi matin de TF1 Capture d'écran / TF1

Quelques jours avant la chute annoncée de François Bayrou, l’ancien premier ministre, invité ce mercredi sur TF1, a exhorté le président à «solliciter les personnalités» de gauche «qui sont susceptibles de constituer ce gouvernement».

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Dominique de Villepin n’a pas varié d’un iota. À l’issue des législatives post-dissolution qui ont accouché d’une Assemblée fragmentée - et permis au Nouveau Front populaire (NFP) de constituer le premier groupe parlementaire en nombre de sièges - , l’ancien premier ministre (2005-2007) avait appelé Emmanuel Macron, en quête d’un successeur à Gabriel Attal, de nommer une personnalité de gauche à Matignon. Et ce, afin de garantir une forme de stabilité institutionnelle.

Un conseil que le président de la République n’a pas suivi, puisqu’il avait nommé en septembre 2024 l’ancien négociateur en chef du Brexit, Michel Barnier, avant de devoir choisir François Bayrou en fin d’année, après la chute du Savoyard. Neuf mois plus tard, Dominique de Villepin revient à la charge. Face à la chute programmée du président du MoDem à l’issue du vote de confiance, qu’il a lui-même convoqué lundi prochain à l’Assemblée, l’ancien secrétaire général de l’Élysée (1995-1997) a de nouveau exhorté, ce mercredi sur TF1, Emmanuel Macron à nommer un premier ministre «du bloc de gauche arrivé en tête aux dernières élections».

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Considérant qu’il «faut faire les choses dans l’ordre», l’ex-patron du Quai d’Orsay demande de «solliciter» d’abord «les personnalités (de gauche) qui sont susceptibles de constituer ce gouvernement». Dans l’hypothèse où cette tentative «échouerait, alors on s’adressera au bloc central», fait-il valoir, alors que les rumeurs vont bon train dans la classe politique quant à la nomination d’une personnalité de gauche modérée, à l’instar du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, ou de l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve.

«Il a brouillé les cartes»

Sévère sur le bilan et la pratique du pouvoir d’Emmanuel Macron, Dominique de Villepin tire à boulets rouges sur la méthode du chef de l’État, qui a selon lui «tout mélangé en appelant Michel Barnier en 2024, un parti qui n’avait fait guère plus de 5% (8,49%, en réalité au premier tour)». «Il a brouillé les cartes, il n’a pas respecté le jeu démocratique», a-t-il tempêté, fidèle à une analyse qu’il avait déjà développée après les législatives de l’an dernier.

À l’inverse de son ancien ennemi préféré, Nicolas Sarkozy, qui estime dans Le Figaro  qu’«il n’y a pas d’autre choix que la dissolution» pour aboutir à une «clarification» de la situation politique, Dominique de Villepin somme le président de n’utiliser cette arme constitutionnelle qu’en dernier recours. «En cas d’échec successif, bien évidemment, il ne restera que (cette) option», a-t-il reconnu, tout en assurant qu’elle reflète «la politique du pire, l’impossibilité d’une majorité.» «Pourquoi voulez-vous qu’au terme d’un nouveau scrutin, le résultat soit très différent ?», a argumenté le fondateur du parti «La France humaniste».

Sans faire référence à ses propres ambitions élyséennes, Dominique de Villepin a également évoqué le scénario - en cas de blocage politique durable - d’une démission d’Emmanuel Macron, qui ouvrirait la voie à une présidentielle anticipée. «Nous rentrerions là dans une véritable crise de régime, avec la mise en cause du président qui sera tôt ou tard confronté» à écourter son mandat, a indiqué l’ancien premier ministre. Une position, sans surprise, à rebours de celle de Nicolas Sarkozy, qui promet à notre journal qu’il «n’appellera jamais à la démission du chef de l’État.» «Il ne faut pas - et on ne peut pas - mettre sur le même plan un premier ministre nommé et un président élu par les Français, a-t-il martelé. Emmanuel Macron doit pouvoir aller au bout du mandat que lui ont confié les Français.»