Comment des soldats français ont sauvé deux femmes coincées dans l’Himalaya à 6000 mètres d’altitude

«On l’a fait, mec, on l’a fait !» : sur la vidéo partagée par l’armée de terre française sur ses réseaux sociaux, le soulagement et la fierté des trois hommes sont palpables au moment où leurs deux protégées sont enfin évacuées en hélicoptère. Début octobre, ces trois soldats du Groupe militaire de haute montagne (GMHM) ont secouru deux alpinistes restées coincées à plus de 6000 mètres d’altitude, sans tentes, provisions ni équipements, sur les pentes du Chaukhamba - une montagne qui culmine à 7138 mètres dans une région indienne de l’Himalaya.

Selon le récit fait par le Guardian  de ce sauvetage héroïque, l’ascension de l’alpiniste britannique Fay Manners et de sa compagne de cordée, l’Américaine Michelle Dvorak, a viré au cauchemar dans la journée du 3 octobre, lorsqu’une chute de pierres a sectionné leur corde et entraîné la perte de tout leur équipement (tentes, provisions, matériel technique pour l’assurage et l’ascension) dans un ravin, sans possibilité de le récupérer. Les deux femmes n’étaient pas des amatrices, loin de là : elles avaient reçu le feu vert des autorités locales pour tenter l’ascension, et sont des alpinistes chevronnées, sponsorisées par des marques de montagne célèbres comme The North Face. Mais, ainsi piégées, elles n’ont plus eu d’autre choix que d’adresser un message de SOS et d’attendre les secours.

Sauf que la position des deux alpinistes et les conditions météo ne permettaient pas un sauvetage en hélicoptère. Heureusement pour elles, une cordée de trois soldats français, alpinistes d’élite, se trouvait dans les environs. Les trois hommes ont pu échanger des signaux de lampe avec les deux alpinistes en détresse, avant de finir par les rejoindre et les aider à redescendre sur des hauteurs moins inaccessibles. 

«Tout le monde est vivant !»

Sur la vidéo relayée par l’armée de terre, on voit les deux femmes frigorifiées après deux jours d’attente dans des conditions apocalyptiques : une fois en compagnie de leurs sauveteurs, elles racontent n’avoir pas pu dormir sous tente, et avoir dû partager un seul sac de couchage pour deux pendant tout le long des deux jours et deux nuits où elles sont restées coincées. Les trois soldats français ont ensuite filmé une séquence plus rassurante, où l’on voit les deux femmes s’endormir dans une tente qu’ils leur ont prêtée en attendant des secours aériens envoyés par l’armée de l’air indienne : «Tout le monde est vivant ! Good night !» leur lance l’un d’eux avec entrain.

Finalement, le lendemain, un hélicoptère de l’Indian Air Force a donc finalement pu se poser pour évacuer les deux rescapées. «Elles sont en sécurité, mais elles sont à bout de force» a par la suite indiqué un porte-parole des autorités indiennes.

Il faut dire qu’elles n’ont pas été secourues par n’importe qui : le «lieutenant-colonel Jacques-Olivier», le «sergent Vivien» et le «chasseur Clovis» sont tous trois membres du GMHM de Chamonix, la «patrouille de France» de l’alpinisme au sein des armées françaises. Cette petite unité de l’armée de terre rattachée à la 27e brigade d’infanterie de montagne regroupe une dizaine de soldats et a pour mission de se lancer dans des expéditions de montagne spectaculaires et périlleuses, en milieu extrême, pour participer au développement des connaissances et au perfectionnement du matériel des unités d’élite en montagne.