La production des voitures électriques fait reculer l’emploi

Gérard Le Puill

Les chiffres publiés dans la presse en décembre 2024 indiquaient que les ventes de véhicules électriques neufs atteignaient 13,4% de parts de marché en Europe en 2024. D’où des annonces de suppressions massives d’emplois chez Volkswagen et le départ imposé au PDG Carlos Tavares par les actionnaires de Stellantis en attendant des délocalisations massives de productions.

Notre article publié hier livrait des chiffres officiels sur le recul insuffisant des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis et dans les pays membres de l’Union européenne. Dans cette dernière, selon une décision approuvée en février 2023 par une majorité de députés au Parlement européen et validée par le Conseil de pays membres de l’Union en mars de la même année, le règlement européen publié le 19 avril 2023 indiquait les véhicules neufs équipés d’un moteur thermique seront interdits à la vente à partir de 2035. Selon la Commission que présidait déjà Ursula Von der Leyen, cette décision devait permettre à l’Europe d’atteindre la neutralité carbone en 2050, et d’être ainsi bien placée pour freiner le réchauffement climatique en cours. Ce calcul partait seulement du constat qu’en consommant de l’électricité les voitures et les camions n’émettent pas de CO2 en roulant.

Mais avant de faire rouler un véhicule neuf, il faut le construire. Des calculs ont démontré qu’une voiture équipée d’un moteur électrique de faible puissance doit rouler au moins 40.000 kilomètres avant que son bilan carbone ne passe sous celui d’un véhicule à essence ou diesel de même puissance. Si on achète un SUV, c’est plutôt 60 000 kilomètres en raison du poids du véhicule et de sa batterie. Mais il faudra aussi faire croître la production d’électricité pour alimenter ce parc automobile dont la consommation augmentera d’année en année. Or, beaucoup de pays membres de l’Union européenne, dont l’Allemagne, produisent une grande partie de leur électricité à partir du gaz et du charbon, deux énergies fossiles très émettrices de gaz à effet de serre.


Volkswagen va supprimer 35.000 emplois en 5 ans

Durant les trois dernières semaines de l’année 2024, plusieurs quotidiens nationaux ont évoqué la fébrilité des dirigeants des multinationales de l’automobile qui se convertissent dans la production de véhicules électriques. Dans Les Échos du 23 décembre on lisait que « Volkswagen veut supprimer 35.000 postes d’ici 2030 en Allemagne ». Selon les chiffres fournis par la direction du groupe qui compte 12 marques automobiles, ces suppressions d’emplois étalées sur cinq ans « permettront de réduire de plus de 4 milliards d’euros par an les coûts de main-d’œuvre et de production ». Peu d’informations ont filtré sur les délocalisations de production. Mais Les Echos indiquaient que la production de la Golf à essence actuellement réalisée à Wolfsburg sera délocalisée au Mexique dans le but de conquérir de nouveaux marchés, puisque l’interdiction de vente des véhicules neufs à moteurs thermiques n’est prévue que dans l’Europe des 27 à partir de 2035.

En tout début d’année 2024, Carlos Tavares , PDG de Stellantis, qui regroupe une multitude de marques automobiles dont Citroën, Opel, Peugeot , Fiat , Chrysler, Alfa Romeo, Jeep, Lancia, Maserati, fut porté aux nues par une partie de la presse pour avoir gavé les actionnaires, lesquels l’avaient remercié en lui offrant la somme de 100 000 euros par jour entre son salaire fixe, son salaire variable et ses actions gratuites. Fin 2024, ces mêmes actionnaires ont refusé de prolonger son contrat. Ce refus nous vaut un commentaire qui se veut neutre dans le même article du 23 décembre dans Les Échos : « Mais la crise dépasse l’Allemagne, comme en témoigne le départ subit de Carlos Tavvares, le patron de Stellantis: surcapacités en Europe, démarrage poussif du véhicule électrique, concurrence à bas coût chinoise et baisses des ventes sur certains marchés clés comme la Chine pour Volkswagen ».


La sidérante incompétence de la présidente Von der Leyen

Dans Les Échos du 24 décembre, l’article de Guillaume Guichard, titré « Voitures électriques: la fronde contre les règles CO2 s’intensifie » débutait par ces phrases : « Plus la fin de l’année approche, plus la pression augmente sur la Commission européenne et sa présidente Ursula Von der Leyen. Constructeurs automobiles et Etats membres réclament un assouplissement des règles de décarbonation de l’industrie automobile. L’an prochain (en 2025, ndlr) celles-ci impliquent une baisse de 15% des émissions moyennes de voitures neuves vendues, ce qui passe principalement par la hausse des ventes de voitures électriques ». Comme ce n’est pas le cas, surtout à cause de leur prix de vente nettement plus élevé que celui des véhicules à moteur diesel ou à essence, l’article de Guillaume Guichard citait cette réaction de Luca de Meo, directeur général du groupe Renault: « L’industrie automobile risque de perdre jusqu’à 16 milliards d’euros de capacités d’investissements en payant des pénalités, en réduisant production, en s’associant à des concurrents étrangers ou en vendant à perte des véhicules électriques ».

Pour échapper à ces pénalités, il aurait fallu faire croître les ventes de voitures électriques de 20% au lieu de 13,4% en 2024. Ce raisonnement est tenu par Ursula Von der Leyen, dont l’incompétence en économie est de plus en plus sidérante.