La loge, la fausse espionne et les apprentis tueurs : la dérive criminelle d’agents de la DGSE

Sur le trajet pour déposer son fils à la crèche, Monsieur H. aperçoit, en cette matinée de juillet 2020, une scène singulière : dans une Renault Clio à l’arrêt, deux hommes feignent de dormir lors de son passage. Le thermomètre affiche 20 degrés mais les deux étrangers sont intégralement vêtus de noir et gantés. Interloqué, Monsieur H. entreprend plusieurs tours du pâté de maisons dans ce quartier pavillonnaire de Créteil, avant de revenir sur ses pas. Un dernier élément le convainc d’appeler le 17 : le conducteur, qui jette de rapides coups d’œil dans le rétroviseur, porte une mystérieuse oreillette. Sur place, les policiers constatent la fausse plaque d’immatriculation grossièrement fixée avec du scotch. Ils interpellent les deux individus et fouillent le véhicule. À l’intérieur d’un sac Félix le Chat se trouve une arme de poing 9 mm. Mais aussi des paquets de compotes assemblés avec du coton, reconvertis en réducteur de son, un tracker, et, dans la boîte à gants, des bouchons d’oreilles antibruit. L’attirail du parfait tueur à gages, version artisanale.

Lors du transfert vers les locaux de la brigade criminelle, l’un des deux suspects, Pierre B., un brun à la carrure athlétique, dévoile, malgré la formule consacrée selon laquelle nul n’a « besoin d’en connaître », être un agent du service Action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Leur arrestation est une méprise. Un protocole avec un numéro « coupe-circuit » va rapidement les sortir de ce quiproquo. Ils étaient en train de réaliser une mission « homo »* visant Marie-Hélène D., une mère de famille qui mènerait une double vie. Le jour : dirigeante d’entreprise dans le milieu du coaching. La nuit : espionne qui recruterait pour le Mossad. Face à cette ingérence, il aurait été convenu d’« en finir une bonne fois pour toutes avec elle ».

La Renault Clio dans laquelle se trouvaient les deux suspects. Photo fournie au Figaro

« Si tu vas voir la police, on reviendra »

Découvrant ce projet d’assassinat, celle dont l’enquête démontrera qu’elle n’a jamais eu de lien avec le renseignement israélien tombe des nues. « Cela dépasse l’entendement. À part les inimitiés que peut m’attirer ma fonction au syndicat (de coaching), je ne vois pas qui pourrait m’en vouloir. Mais franchement de la à vouloir me tuer, c’est impossible. » À bien y réfléchir, la chef d’entreprise a déjà été la cible d’une agression. En octobre 2019, deux individus ont surgi devant son domicile, lui ont asséné un violent coup à la tête puis se sont emparés de son ordinateur portable, la menaçant : « Si tu cries on te tue et si tu vas voir la police, on reviendra. »

Boulevard Mortier, siège de la DGSE…

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