Elon Musk fustige la "grande et belle loi" budgétaire de Donald Trump
Une "abomination répugnante". Voilà les mots qu'a employés, mardi 3 juin, Elon Musk, ancien conseiller de Donald Trump, pour qualifier le mégaprojet de loi budgétaire ardemment voulu par le président américain.
Cette "grande et belle loi", telle que la surnomme Donald Trump, est une clé de voûte du programme présidentiel. Elle comprend notamment l'extension des crédits d'impôt monumentaux du premier mandat du milliardaire républicain, qui arrivent à expiration à la fin de l'année.
Mais pour Elon Musk, qui a terminé comme prévu la semaine dernière sa mission au sein du gouvernement Trump, "ce projet de loi budgétaire énorme, scandaleux et clientéliste est une abomination répugnante".
"Honte à ceux qui l'ont voté : vous savez que vous avez eu tort", a ajouté l'homme le plus riche du monde dans un message sur X, s'adressant aux membres de la Chambre des représentants.
Quelques républicains frondeurs
La chambre basse du Congrès a, en effet, adopté le texte fin mai, sous la pression de Donald Trump qui veut maintenant qu'il passe rapidement l'écueil du Sénat, où les républicains sont majoritaires de peu.
Il a averti les sénateurs qu'il voulait voir cette loi sur son bureau "dès que possible" pour promulgation. Mais des élus de son propre camp républicain ont fait part de leur intention d'apporter d'importantes modifications.
Les républicains modérés rechignent à réduire drastiquement les dépenses, tandis que les partisans de la rigueur budgétaire dénoncent le projet comme une bombe à retardement pour les finances de l'État, alors que la dette américaine frôle les 37 000 milliards de dollars.
Ces républicains frondeurs sont peu nombreux, moins d'une dizaine, mais suffisamment "pour arrêter le processus jusqu'à ce que le président prenne au sérieux la réduction des dépenses et du déficit", a récemment déclaré l'un d'eux, le sénateur Ron Johnson.
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Des restrictions de Medicaid pour les plus défavorisés
L'opposition démocrate, quant à elle, ne cesse de critiquer des réductions d'impôts pour les plus riches au détriment d'une classe ouvrière déjà accablée par l'inflation.
Selon différents analystes indépendants, prolonger les énormes crédits d'impôt du premier mandat Trump pourrait accroître le déficit de l'État fédéral de 2 000 milliards à 4 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.
Les coupes budgétaires prévues dans le texte pourraient, elles, affecter des millions d'Américains les plus défavorisés, comme des bénéficiaires du programme d'assurance-maladie Medicaid, destinés aux plus pauvres. Plusieurs sondages montrent qu'une large majorité d'Américains s'opposent à ces restrictions de Medicaid.
Le Bureau du budget du Congrès estime, lui, que les réductions d'impôts combinées aux grosses coupes budgétaires aboutiraient à un énorme transfert de richesse des 10 % les plus pauvres vers les 10 % les plus riches du pays.
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Sur le plan politique, les débats sur cette loi budgétaire XXL devraient avoir une grande influence sur les élections de mi-mandat de 2026, un scrutin toujours périlleux pour la majorité au pouvoir.
La sortie de Musk "ne change rien"
Après la violente charge de l'ancien conseiller de Trump contre l'un des projets les plus chers au président américain, la Maison Blanche a temporisé.
Cela "ne change rien à la position" du président qui "savait déjà ce que pensait Elon Musk", a indiqué à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.
"C'est une grande et belle loi et Donald Trump s'y tient", a-t-elle ajouté, répétant la position de l'administration qui assure qu'elle stimulera la croissance économique.
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La sortie fracassante d'Elon Musk, qui avait déjà critiqué ce texte budgétaire mais beaucoup plus prudemment, a souligné les tensions entre le multimilliardaire et l'administration qu'il a quittée.
Un jour après avoir chaleureusement remercié Musk pour son action auprès de l'administration, comme pour couper court aux rumeurs sur un froid entre eux, Donald Trump avait retiré samedi son soutien au candidat qui devait prendre la tête de la Nasa, un proche d'Elon Musk.
Avec AFP