Notre critique de La Légende d’Ochi : un E.T nouvelle génération qui sent le réchauffé
On croirait voir maître Yoda et Gizmo des Gremlins dans le même corps. Sauf que les Ochis ne manient pas de sabres lasers. Et qu’ils peuvent sortir à la lumière du jour, boire de l’eau et manger après minuit. Les Ochis sont de mignonnes créatures des bois, à la fourrure bien fournie, aux grandes oreilles et aux yeux et museau teintés de turquoise. Mais il faut se méfier de leur apparence adorable. C’est ce que pensent les habitants du village isolé des Carpates, encore imperméables à la modernité. Ces derniers craignent ces petites bêtes, les accusant de tuer sur leur passage, tous les animaux de la forêt, ne leur laissant plus rien à manger. Quand Yuri, une jeune fille introvertie, trouve un bébé Ochi blessé, elle ne peut détourner le regard. Il faut absolument qu’elle l’aide. Elle va défier les diktats imposés par son père, le redoutable Willem Dafoe, qui lui a appris à chasser ces créatures dès son plus jeune âge, en se faisant la promesse de ramener l’étrange marmot auprès des siens.
Ce scénario ne vous rappelle rien ? Avec La Légende d’Ochi, en salles ce mercredi, le réalisateur américain Isaiah Saxon ne cache pas son amour pour Steven Spielberg. Le long-métrage produit par A24 - son premier - est une véritable déclaration d’amour aux films du cinéaste et, plus particulièrement, aux aventures fantastiques des années 1980. Les influences de E.T L’extraterrestre, des Gremlins et des Goonies se font malheureusement trop ressentir. Et ce, dès les premières minutes. Nous ne savons déjà plus sur quel pied danser. Regardons-nous du Spielberg ? Du Joe Dante ? Du Richard Donner ? Le cinéaste, qui a essentiellement travaillé sur des clips musicaux depuis le début de sa carrière, ne se gêne pas pour reprendre les mêmes recettes de ces œuvres devenues culte.
Une ode à E.T L’extraterrestre
À commencer par reprendre le même personnage principal de E.T L’extraterrestre. Enfin presque. Yuri, interprétée par la remarquable actrice allemande de 16 ans, Helena Zengel, est la version féminine d’Elliot. Ils ont le même âge et la même personnalité. Ce sont tous deux de jeunes enfants introvertis et solitaires qu’on surprotège. Petro, le frère adoptif de Yuri incarné par Finn Wolfhard (qui, après Stranger Things et Ça, aime décidément bien les années 1980) pense d’ailleurs que sa sœur ne survivrait pas une soirée seule dans les bois. Il se trompe. Yuri est débrouillarde.
Elle n’hésite pas à ramener le bébé Ochi chez elle, dans sa ferme isolée en haut des montagnes, pour le soigner dans sa chambre. À l’instar d’Elliot qui n’a pas pu s’empêcher d’accueillir le plus célèbre des extraterrestres dans son foyer. Tout comme E.T et Elliot, Ochi et Yuri vont développer un lien fort. Une amitié inimaginable pour Maxim, le père de Yuri. Willem Dafoe (American Psycho, Pauvres Créatures ) s’éclate dans son rôle qu’il a accepté 48 heures après qu’on lui a proposé ! Il vole même la vedette en chef de file autoritaire, qui mène sa troupe de soldats adolescents chargés de tuer les Ochis.
Isaiah Saxon reprend également la même intrigue que celles des productions sorties il y a quatre décennies : offrir aux petits et grands une ode à l’émancipation, à l’acceptation de soi et au passage à l’âge adulte. Mais sans vraiment proposer quelque chose de nouveau concernant le scénario. S’ajoutent des clins d’œil trop répétitifs aux scènes culte du film de Spielberg : la rencontre dans les bois, la scène du vélo ou encore l’accueil de la créature dans le foyer familial. Le réalisateur propose ici un E.T 2.0 avec une histoire vue et revue, preuve que Hollywood peine à innover depuis ces dernières années.
Une réalisation artisanale bienvenue
Le cinéaste évite de justesse le fiasco absolu grâce à sa réalisation artisanale et à sa photographie, qui n’est pas sans rappelée celle des studios Ghibli. Le film repose principalement sur ses images. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, La légende d’Ochi a été tournée avec de vrais décors, en Roumanie, avec très peu d’effets visuels. « Je savais que je voulais filmer dans les Carpates, en Transylvanie, où, lorsque vous quittez les villes pour parcourir les montagnes, vous voyez des gens qui ont encore un lien très intime avec la terre », explique le réalisateur.
Seule la troisième partie a été tournée avec des écrans verts, pour une scène finale qui s’avère magnifique. À l’inverse, bébé Ochi est une production artisanale ! L’équipe a utilisé cinq marionnettes pour donner vie à ces créatures. À défaut de nous offrir un scénario original, le film nous invite au moins à nous intéresser à ses méthodes de production.
Autre point positif : la musique de David Longstreth, qui reflète le lien inné entre Yuri et Ochi. Les dialogues sont presque absents pour laisser place au son de la flûte traversière. « J’ai parfois du mal à m’exprimer avec des mots. Mon palliatif, c’est la musique », abonde le réalisateur. La légende d’Ochi deviendra peut-être le nouveau E.T l’extra-terre pour la génération alpha. De notre côté, nous préférons rester sur nos classiques.
La note du Figaro : 2/4