Sénégal : deux jeune hommes tués pendant des manifestations contre le président Macky Sall
Le Sénégal s'enfonce dans la crise. Deux jeunes sont morts au cours de manifestations contre le président Macky Sall, accusé par les oppositions d'un "coup d'Etat institutionnel" après avoir repoussé la date de l'élection présidentielle de près d'un an, a appris l'AFP samedi 10 février.
La première victime, un étudiant en géographie de 22 ans, "a succombé à ses blessures lors des manifestations à Saint-Louis" vendredi, a déclaré à l'AFP un responsable étudiant de l'université Gaston Berger où il étudiait. Les circonstances de sa mort ne sont pas encore connues mais une enquête a été ouverte, a indiqué le procureur de la République de Saint-Louis.
Le ministre de l'Intérieur a affirmé dans un communiqué "que les forces de défense et de sécurité ne sont pas intervenues dans le Campus universitaire où le décès est survenu". Sa mort a vivement ému le pays, et des centaines d'étudiants lui ont rendu hommage en veillant dans la nuit de vendredi à samedi.
La deuixème victime est un marchand ambulant de 23 ans à Dakar. "Il y a eu des tirs de grenades lacrymogènes, et ensuite on est allé à la gare du TER de Colobane pour rentrer", a raconté à l'AFP son frère, qui affirme que "c'est là-bas qu'un gendarme lui a tiré une balle réelle au ventre". "Il a subi deux opérations cette nuit et malheureusement, il a succombé à ses blessures ce matin", a précisé à l'AFP son beau-frère. L'information n'a pas été confirmée par les autorités.
Nouvelles manifestations prévues mardi
Vendredi, des manifestations d'ampleur contre le report des élections et le président Macky Sall ont eu lieu dans tout le pays, notamment à Dakar, mais elles ont été aussitôt dispersées par les forces de sécurité. Dans la capitale, la police a fait un usage abondant de gaz lacrymogènes pour tenir à distance les personnes qui cherchaient à se rassembler aux abords de la place de la Nation. Des manifestants ont riposté en lançant des pierres et en érigeant des barricades avec des objets de fortune.
La répression a suscité une vague d'indignation dans l'opposition et chez certains alliés du pouvoir. "Nous prenons à témoin la communauté régionale et internationale, face aux dérives de ce pouvoir finissant" du président Macky Sall, a réagi Khalifa Sall, l'un des principaux candidats à la présidentielle. Une nouvelle manifestation lancée par un collectif de la société civile, Aar Sunu Election ("Protégeons notre élection"), est prévue mardi.