"C'est mort, ça ne passera pas" : la position d'Édouard Philippe sur le budget de la Sécurité sociale agace les macronistes

Alors que les débats ont repris mercredi 3 décembre à l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale, la position d'Horizons, le parti d'Edouard Philippe, continue de jeter le trouble. Ce groupe a fait savoir mardi qu'il n'était pas prêt à voter le budget de la Sécurité sociale à ce stade. De quoi agacer les troupes macronistes.

Ils connaissent le calcul : si les 34 députés Horizons votent contre ce budget, en plus des troupes de droite Les Républicains qui sont tentées de faire pareil, il y a très peu de chances de réunir une majorité. "C'est mort de chez mort, le budget de la Sécu ne passera pas !", se désole un député Renaissance, tandis qu'une de ses collègues affiche sa "colère". Un rejet du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) serait un énorme camouflet pour le Premier ministre et son équipe qui négocient depuis un mois et demi, et un très mauvais signal pour l'autre texte sur le budget de l'Etat.

Mais la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, invitée mercredi sur France Inter, veut croire qu'il ne s'agit là que d'une "position de départ" qui va évoluer. "Il y a une chose que je sais qu'[Edouard Philippe] a au fond de lui, c'est l'importance d'avoir des comptes publics en ordre. Ceux qui veulent réduire le déficit savent que s'il n'y a pas de budget de la Sécurité sociale, il y aura plus de déficit. Donc on ne peut pas vouloir réduire le déficit et ne pas voter ce budget. Le vote est mardi prochain, ce qui veut dire qu'on a beaucoup de temps pour continuer à négocier."

La hausse de la CSG sur le capital crispe Horizons

Le gouvernement a été plus qu'attentif aux messages adressés par le groupe Horizons. Ce dernier est surtout gêné par la hausse de la CSG sur le capital, une taxation des revenus financiers qui a été introduite sous l'impulsion des socialistes. Le gouvernement a décalé l'examen de cet article du projet de loi de quelques jours pour avoir le temps de négocier sur ce sujet. La porte-parole du gouvernement estime qu'il y a peut-être des alternatives à trouver. "Nous, on n'est pas particulièrement attachés à cette mesure, affirme Maud Bregon mercredi sur BFMTV. Ce qu'on dit, c'est que si on la retire et si on la modifie, il faut qu'on puisse compenser en face. Si ce n'est pas le cas, on laisse filer le déficit."

Dans les couloirs de l'Assemblée, c'est la stratégie de l'ancien Premier ministre qui agace particulièrement. Un député du MoDem s'exaspère : "On sent bien qu'il y a un air de campagne présidentielle, mais là, il s'agit de l'avenir de la France !" Un collègue de Renaissance valide : selon lui, Édouard Philippe est "prêt à tout pour se différencier de la macronie d'ici 2027 !"