Allemagne : avant le vote de confiance, les années Scholz passées au crible au Bundestag

Le bilan économique d'Olaf Scholz à la tête de l'Allemagne a été vilipendé, lundi 16 décembre, par son rival conservateur devant les députés qui s'apprêtent à retirer leur confiance au chancelier, pour permettre la tenue de législatives anticipées en février.

Le débat sur ce vote parlementaire, événement rare dans l'histoire politique de l'Allemagne, a tourné à l'inventaire des trois années passées au pouvoir par le dirigeant social-démocrate, dont la coalition tripartite a volé en éclats en novembre.

"Vous avez eu votre chance, vous ne l'avez pas saisie", a lancé Friedrich Merz, chef du camp conservateur CDU/CSU et favori pour remplacer Olaf Scholz à la tête du pays.

"Cela vaut aussi bien pour aujourd'hui, que pour le 23 février" – date prévue du scrutin législatif lors duquel le chancelier sortant part en quête d'un second mandat –, a-t-il insisté.

Après le limogeage de son ministre des Finances libéral, en raison de différends insurmontables sur la politique économique et budgétaire, Olaf Scholz dirige un gouvernement minoritaire entre son Parti social-démocrate (SPD) et les Verts, dont l'action législative est paralysée.

Pour obtenir la dissolution du Parlement et permettre la tenue de législatives anticipées, le chancelier a posé la question de confiance au Bundestag, un vote qu'il devrait perdre dans l'après-midi, compte-tenu des équilibres au sein de la chambre basse du Parlement.

Menace d'une deuxième récession annuelle

Le débat lundi devant le Bundestag a été au diapason d'une campagne électorale dominée par les questions économiques et sociales. Friedrich Merz a accusé Olaf Scholz de laisser le pays "dans l'une des pires crises économiques de l'après-guerre".

Menacée d'une deuxième récession annuelle d'affilée, l'Allemagne est aux prises avec une remise en cause de son modèle industriel et s'inquiète des répercussions pour ses exportations de l'élection de Donald Trump.

Olaf Scholz s'est posé lundi en champion d'un État social protecteur pour les plus vulnérables et des dépenses d'investissement d'avenir pour garantir la prospérité de la première économie européenne.

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De cette question des investissements "dépend tout le reste, notre sécurité, notre prospérité future, la compétitivité de notre économie, un bon emploi et une bonne formation, et enfin la cohésion sociale dans le pays", a-t-il jugé.

L'enjeu est central dans le domaine de la défense pour lequel le pays a besoin d'"investissements massifs" dans le contexte de la guerre d'agression russe en Ukraine.

"Aujourd'hui, une puissance nucléaire fait la guerre en Europe à seulement deux heures de vol d'ici. Nous devons investir massivement dans notre sécurité et notre défense", a lancé le chancelier.

Les sociaux-démocrates donnés perdants

Malgré son impopularité chronique et l'échec de sa coalition, l'imperturbable dirigeant social-démocrate veut croire en ses chances d'un second mandat.

À ce stade, les sondages lui accordent peu d'espoir et l'Allemagne se dirige vers une alternance politique avec le camp conservateur CDU/CSU mené par Friedrich Merz donné nettement gagnant, fort de 30 à 33 % des intentions de vote.

Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) est crédité de 17 à 19,5 % des intentions de vote, mais les autres formations excluent toute coopération avec lui. Le SPD engrangerait 15 à 17 % des voix, les Verts de 11,5 à 14 %.

Mais le chancelier a déjà prouvé sa capacité à déjouer les pronostics en remportant les élections en 2021, contre toute attente. Et il veut renouveler la performance en rassurant par son expérience dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l'inconnu par l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche.

Les sociaux-démocrates ne perdent d'ailleurs pas une occasion de souligner l'inexpérience de Friedrich Merz, mis sur la touche autrefois par l'ancienne chancelière Angela Merkel (2005-2021) et qui n'a jamais occupé de poste de ministre ou de maire.

Avec AFP