Difficile à croire. Alors que l’ex-compagne de Salah Abdeslam ainsi que deux autres protagonistes ont été mis en examen et écroués lundi soir pour un projet d’attentat déjoué et que lui-même est soupçonné d’avoir consulté du contenu djihadiste depuis sa cellule de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), son avocate a déclaré mardi matin au micro de France Info qu’il serait prêt à s’engager dans un processus de justice restaurative.
«C’est une personne qui potentiellement aimerait pouvoir expliquer un peu la situation, discuter, ouvrir une porte aux parties civiles, si toutefois celles-ci le souhaitent, a assuré Me Olivia Ronen. Il l’a exprimé, ainsi que certaines parties civiles qui veulent entrer en contact avec lui». La justice restaurative est une approche quasi-thérapeutique assez méconnue qui se développe en France depuis une dizaine d’années. Elle met en relation, de manière volontaire et encadrée, victimes et auteurs pour favoriser la compréhension, le dialogue et dans certains cas, la réconciliation. L’objectif est de restaurer le lien social, reconnaître la souffrance de la victime et responsabiliser l’auteur.
Passer la publicitéUn individu toujours «radicalisé»
Sur le réseau social X, Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association Life for Paris, a remercié l’avocate pour ses pensées à l’égard des victimes. «Quant à la justice restaurative, plusieurs victimes des attentats s’y intéressent, ce qui pourrait aboutir comme en Espagne ou en Italie à des rencontres en prison avec votre client», a-t-il écrit.
Reste que sur RTL lundi, la directrice générale de la DGSI, Céline Berthon, a estimé que le seul membre vivant des commandos meurtriers du 13 novembre 2015, qui ont fait 132 morts - dont deux suicides de rescapés a posteriori -, demeurait «radicalisé et convaincu de l’idéologie mortifère». «On a plutôt des choses qui vont dans le sens inverse. On a une personne qui essaie d’accéder à l’éducation, qui a par ailleurs présenté des excuses aux parties civiles lors de son procès, ce qui est suffisamment rare pour être souligné et qui était tout à fait inespéré», a rétorqué le conseil d’Abdeslam.
Et de rappeler que si son client a bien été placé en garde à vue la semaine dernière pour s’expliquer sur quatre clés USB clandestines chargées de propagandes djihadistes, lesquelles lui ont été remises par son ex lors de parloirs et qui ont été connectées à son ordinateur, il n’a pas été mis en cause dans un projet d’attentat. «Il n’y a pas eu un soupçon là-dessus. Il y a eu une confirmation généralisée à ce propos, du ministre de l’Intérieur, de la patronne de la DGSI et du Pnat», a insisté Me Ronen.
Quant à l’ordinateur dont dispose Abdeslam en cellule, l’avocate déclare qu’il «l’a acquis légalement pour avoir accès à une formation. Étant à l’isolement, il ne peut pas suivre une formation comme n’importe qui, il fait ça par correspondance et se nourrit intellectuellement.» En outre, Olivia Ronen dit s’interroger «sur la temporalité du dossier. Cet ordinateur a été saisi en janvier 2025. Je n’arrive pas à comprendre comment cela aboutit à une garde à vue dix mois plus tard, quelques jours avant la commémoration du 13 novembre. Je ne sous-entends rien et ne fais pas de procès d’intention mais c’est simplement que je peine à comprendre la logique». Salah Abdeslam ne serait d’ailleurs plus en contact avec la jeune femme mise en examen lundi depuis avril dernier.