Maîtriser le catalan, bientôt une condition nécessaire pour obtenir un titre de séjour en Catalogne ?

Maîtriser le catalan, bientôt une condition nécessaire pour obtenir un titre de séjour en Catalogne ?

Le leader indépendantiste Carles Puigdemont lors d’une conférence à Amélie-les-Bains, dans le sud-ouest de la France, le 27 juillet 2024. IDRISS BIGOU-GILLES / AFP

Les indépendantistes espagnols et catalans veulent lier l’octroi de titres de séjour à la maîtrise du catalan.

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Le parti indépendantiste Junts a annoncé ce mercredi 5 mars vouloir lier l'octroi de permis de séjour en Catalogne à la maîtrise du catalan, en cas d'adoption d'un projet de loi prévoyant un transfert à la région de compétences en matière de politique migratoire. «Va-t-on demander que la langue soit une condition ? Bien sûr que nous allons le demander», a assuré à la télévision publique Miriam Nogueras, porte-parole de Junts au Parlement, interrogée sur le fait de savoir si la connaissance de cette langue pourrait être un prérequis pour l'obtention d'un titre de séjour.

«Nous sommes en Catalogne, et en Catalogne, il existe une langue officielle, qui est le catalan. De la même manière que si vous allez vivre en France, la condition est d'apprendre le français», a ajouté cette proche du leader indépendantiste Carles Puigdemont. Junts per Catalunya a conclu mardi un accord avec le parti socialiste du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez prévoyant un transfert à la Catalogne de vastes compétences en matière de politique migratoire. Ce texte doit cependant être adopté par les députés pour entrer en vigueur.

L'accord prévoit que la police régionale catalane gère conjointement avec la police nationale et la Garde civile la sécurité des ports, des aéroports et des zones critiques en Catalogne, région prospère du nord-est de l'Espagne théâtre d'une tentative de sécession ratée en 2017. Il propose par ailleurs que la Catalogne devienne le «guichet unique» sur son territoire pour les autorisations de séjour de longue durée et de résidence temporaire, et que la région soit compétente sur les procédures administratives, notamment le traitement des expulsions.

Arrivé en deuxième position lors des élections régionales de mai 2024, Junts n'est cependant plus aux commandes en Catalogne, dirigée par le socialiste Salvador Illa. C'est ce dernier qui serait chargé de mettre en œuvre ce transfert de compétence si la loi venait à être adoptée par les députés.

L'annonce de cet accord hier a suscité de vives critiques de l'opposition, notamment du parti conservateur Parti Populaire, qui a accusé les socialistes de continuer à «démanteler l'État en Catalogne». Le parti de gauche radicale Podemos a, quant à lui, déclaré que ses quatre députés ne voteraient pas ce texte, accusé de «légitimer le racisme institutionnel», laissant planer le doute sur son adoption par le Parlement, où les socialistes, leurs alliés de Sumar (extrême gauche) et Junts n'ont pas la majorité absolue.