Vers une vague de démissions dans les prochaines années ? Dans l’une de ses dernières études publiée en avril, l’Institut Montaigne souligne un paradoxe. «Bien que la majorité des jeunes déclarent rechercher la stabilité professionnelle, 60% de jeunes salariés envisagent de quitter leur entreprise d’ici à cinq ans, dont la moitié pour devenir travailleur indépendant», précise le think tank français. Cette fuite des jeunes actifs de leurs entreprises s’explique par une désillusion «face à leurs conditions de travail, leurs perspectives d’évolution et leur niveau de rémunération».
Dans le détail, cette déception des moins de 30 ans concerne davantage les jeunes les plus diplômés et les formations universitaires généralistes, comme les lettres ou les sciences humaines et sociales. «Plus le niveau de qualification est élevé, plus grand est le risque de déception», résume l’Institut Montaigne. Si les jeunes issus de formations professionnelles, comme les CAP, BEP, BTS et DUT expriment moins leur désillusion, certaines filières sont toutefois touchées. Les postes de service, notamment à la personne, où les femmes sont surreprésentées, sont ainsi davantage frappés par ce désenchantement que les filières de production.
Pourtant, toutes formations confondues, trois jeunes sur quatre attribuent une note supérieure à 5 sur 10 sur une échelle de satisfaction au travail. Mais ces mêmes jeunes sont 66% à percevoir un décalage entre leurs attentes et leur réalité professionnelle, notamment en matière de qualité de vie au travail. À cela s’ajoutent la reconnaissance des supérieurs hiérarchiques, l’autonomie, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle ainsi que les perspectives d’évolution.
Frustrés, fatalistes, rebelles, satisfaits… les profils types des jeunes actifs
Sur les 6000 jeunes de 16 à 30 ans interrogés dans son étude, l’Institut Montaigne a dégagé quatre profils types de travailleurs. D’un côté, les satisfaits, à 32%, qui se répartissent en deux catégories : les «stables» et les «mobiles». Les premiers souhaitent ainsi rester dans leur entreprise et sont des employés de 25 à 30 ans, principalement des électeurs du Rassemblement national. Les «mobiles» sont plutôt en quête de meilleures perspectives et sont davantage des cadres ou des indépendants proches de la gauche radicale. Les «rebelles», qui représentent 20% des sondés sont eux «plutôt satisfaits de leur emploi, très réticents à l’autorité avec un fort désir de quitter l’entreprise». Ils sont souvent cadres et «à l’aise financièrement».
D’autres jeunes, nommés les «fatalistes» sont «insatisfaits de leur travail» et n’hésitent pas «à critiquer le management». Ces 20% de personnes interrogées sont «majoritairement de très jeunes actifs, souvent étrangers issus d’une formation courte en filière professionnelle», analyse l’Institut Montaigne. Enfin, les 28% de «frustrés» se répartissent, eux aussi, en deux catégories, avec les «contestataires» et les «démotivés». Les uns, qui sont principalement des employés du secteur de l'hôtellerie et de la restauration affichent «un souhait d’indépendance et un mal-être psychologique» tandis que les autres «souhaitent rester salariés mais arrêteraient leur travail s’ils le pouvaient». Des visions qui risquent de chambouler le secteur du travail dans les prochaines années et creuser davantage le fossé avec les générations déjà en poste.