Armer ou non la police municipale : la proposition de Mathilde Panot divise les maires de gauche
«Une police municipale de proximité n’a pas besoin d’être armée.» Dimanche 6 juillet, sur BFMTV, Mathilde Panot a plaidé pour le retour d’une «police de proximité» et la réintégration de la police municipale au sein de la nationale, armée quant à elle. Avec cette déclaration, la présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale a provoqué un tollé dans la classe politique, y compris à gauche. Invité de France Info, lundi matin, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a dénoncé «une erreur, et même une aberration» sur le plan sécuritaire.
En France, chaque maire est libre d’armer ou non la police de sa ville. 58 % des communes disposent d’une police municipale armée, d’après le panorama 2025 de l’association d’élus Villes de France. Leur équipement inclut notamment des armes de poing et des lanceurs de balles de défense (LBD).
Passer la publicité«Armer» c’est «exposer»
Chez les élus de gauche, la proposition est clivante. Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble, a choisi le désarmement. Une décision réitérée après (et malgré) la fusillade qui a coûté la vie à Lilian Dejean, un agent municipal, en septembre 2024 : «Armer nos policiers municipaux, c’est les exposer à des missions qui ne sont pas les leurs et à des risques que je ne suis pas prêt à prendre pour eux», a martelé le maire. Cette stratégie a une nouvelle fois offusqué l’opposition, lorsque le mois suivant, un adolescent de 15 ans a été abattu sur un point de deal. Puis de nouveau, en février 2025, quand une grenade a explosé dans un bar de la ville.
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À Nantes, le choix de la maire socialiste, Johanna Rolland, de ne pas armer la police municipale est également contesté. L’opposition de droite, craignant pour la sécurité des forces de l’ordre, défend leur droit de porter des armes létales. Néanmoins, le cabinet de la maire a affirmé, en mai dernier, que les bâtons de défense, boucliers protecteurs et pistolets à impulsion électrique, dont sont équipés les policiers, suffisaient pour accomplir des missions de proximité. Même chose à Lille : malgré l’insistance de l’opposition de la droite et du centre, Arnaud Deslandes (PS), dans la continuité de sa prédécesseuse Martine Aubry, considère qu’il faut réserver les armes à feu aux policiers nationaux.
Le maire de Brest, François Cuillandre (PS) a pris une décision encore plus drastique. La sous-préfecture du Finistère est la seule ville française de plus de 100 000 habitants à ne pas disposer de police municipale. «Celui qui doit gérer l’insécurité, c’est l’État», a-t-il argumenté auprès de Ouest-France en 2022. À la place, la commune peut compter sur une «brigade de tranquillité urbaine» pour lutter contre les incivilités. Pour autant, le conseiller municipal écologiste Glen Dissaux, le socialiste adjoint à la tranquillité urbaine Yohann Nédelec et le député centriste du Finistère Jean-Charles Larsonneur se sont tous prononcés en faveur d’une police locale.
Une mesure nécessaire contre la délinquance
De fait, certains maires de grandes villes de gauche sont favorables à l’armement de la police municipale. C’est le cas, notamment, des écologistes Pierre Hurmic, à Bordeaux, Grégory Doucet, à Lyon, et Jeanne Barseghian, à Strasbourg. Une méthode éloignée des préconisations de la secrétaire nationale de leur parti : «Tous les policiers n’ont pas besoin d’être armés», déclarait Marine Tondelier, sur BFMTV, en juillet 2024.
Le socialiste Michaël Delafosse, à Montpellier, a pris la même décision. Quant à Benoît Payan, le maire Divers gauche de Marseille, il met à disposition de ses forces de l’ordre des armes à feu létales ainsi que non létales (tasers, flashballs...). Une mesure jugée nécessaire, notamment dans le cadre des opérations «place nette», pour affronter le narcotrafic qui gangrène la cité phocéenne.
Passer la publicitéÀ l’heure actuelle, aucune ville de plus de 10 000 habitants n’est dirigée par un maire insoumis. En revanche, Louis Boyard, député du Val-de-Marne, a candidaté, sans succès, à la mairie de Villeneuve-Saint-Georges, en début d’année. Son programme ne proposait pas de désarmer la police municipale en cas de victoire.