Le parquet requiert 18 mois d’emprisonnement assorti d’un sursis probatoire de 3 ans contre Gérard Depardieu

Le parquet requiert 18 mois avec sursis contre Gérard Depardieu

Ce matin, les avocates des parties civiles ont réclamé au comédien un peu plus de 75.000 euros. Abdul Saboor / REUTERS

Au terme de quatre jours d’audience, le procureur a requis ce jeudi 27 mars une peine de 18 mois d’emprisonnement assorti d’un sursis probatoire et 20.000 euros d’amende pour les agressions sexuelles que l’acteur aurait commises lors du tournage des Volets verts, en 2021.

Passer la publicité Passer la publicité

Lunettes de soleil sur le nez, Gérard Depardieu est apparu ce jeudi les traits tirés. Depuis quatre jours, l’acteur comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris pour deux agressions sexuelles qu’il aurait commises sur le tournage des Volets verts, en 2021. L’interprète de Cyrano conteste les faits. Il soutient que, pour l’une, il s’agissait d’un «savon» professionnel, et, pour l’autre, de «mots grossiers». En aucun cas, selon ses dires, l’intention n’était sexuelle.

Ce 27 mars, le parquet a demandé au tribunal 18 mois d’emprisonnement assorti d’un sursis probatoire de 3 ans et une peine de 20.000 euros d’amende, avec une obligation de soins psychologiques et une obligation d’indemnisation des parties civiles. Ainsi, le représentant du ministère public semble dire qu’il est persuadé que les faits d’agression sexuelle ont bel et bien eu lieu. Dénonçant les «proportions gigantesques» prises par ce procès - alors même qu’il ne s’agit pas d’une audience criminelle et donc d’une procédure d’assises - le procureur Laurent Guy a plaidé «un simple dossier d’agression sexuelle».

«Vous n’êtes pas là pour faire le procès du cinéma français»

Dénonçant une «stratégie de saturation» de la part de la défense, le représentant du parquet s’est ensuite tourné vers les journalistes et le public : «rassurez-vous, vous êtes en vacances, vous ne déciderez de rien ! Le tribunal a bien plus d’éléments que vous pouvez en avoir», a-t-il lancé, montrant une pièce à la salle, comme l’avait fait précédemment Me Jérémie Assous. Avant d’ajouter : «à la fin, c’est le tribunal qui décidera».

Rejoignant les arguments de la partie civile, le procureur a fustigé l’hypothèse selon laquelle, comme l’avait sous-entendu la défense, il existerait un complot orchestré par les victimes «pour organiser la chute de Gérard Depardieu». «C’est tout simplement impossible», a-t-il déclaré. Puis, à l’instar de l’avocate des parties civiles, le procureur a repris tous les témoignages qui corroborent les récits d’Amélie et Sarah, marmonnant tel Brejnev une interminable litanie de citations quasi incompréhensibles. «Donc vous voyez, au bout de tous ces éléments, on peut tout millimétrer», a-t-il fini par conclure, provoquant un léger sursaut dans la salle.

Et de poursuivre : «On peut être un excellent acteur, un bon père de famille, ça n’a rien à voir avec les infractions qu’on peut commettre». Puis, s’adressant au tribunal : «Vous n’êtes pas là pour faire le procès du cinéma français. Vous allez, aujourd’hui, juger Gérard Depardieu comme n’importe quel autre justiciable».

Dommages et intérêts

Le procès du géant du cinéma touche désormais à sa fin. Gérard Depardieu n’a probablement pas fermé l’œil de la nuit, en témoigne ses bâillements, ce matin, lors des plaidoiries des deux avocates des parties civiles, Me Carine Durrieu-Diebolt et Me Claude Vincent.

Le conseil de la première plaignante, Me Durrieu-Diebolt, a réclamé, «pour le préjudice moral et professionnel» subi par sa cliente, 12.000 euros. Puis, pour elle-même, Me Durrieu-Diebolt a réclamé 10.000 euros, justifiant cette somme par «le travail nécessité par ce dossier» et «les nombreuses manœuvres dilatoires» de la défense. Enfin, au titre de la «victimisation secondaire», l’avocate a demandé 10.000 euros.

De son côté, Me Vincent, l’avocate de la seconde plaignante, a fait valoir des dommages et intérêts de 10.000 euros au titre du préjudice moral subi par sa cliente. La pénaliste a également fait une demande de 10.000 euros «au titre de la victimisation secondaire». À cette somme, la robe noire ajoute 1000 euros pour le préjudice professionnel et 1400 euros pour les frais de santé de la plaignante. Me Vincent réclame aussi pour ses frais divers engendrés par le traitement de ce dossier 3070 euros. Enfin, en raison de «l’absence du respect du contradictoire, l’absence de communication nous forçant à travailler la nuit, les nombreuses manœuvres dilatoires, ainsi que les longues heures de travail», Me Vincent a demandé 20.000 euros. La peine maximale encourue par Gérard Depardieu est de 5 ans de prison et de 75.000 euros d’amende.

*Le prénom a été modifié