L’OQTF de l’influenceur algérien Doualemn annulée par la justice, le ministère de l’Intérieur va faire appel

La justice s’oppose à nouveau à une décision du ministère de l’Intérieur. L’obligation de quitter le territoire français de l’influenceur algérien Doualemn, qui avait appelé dans une vidéo diffusée sur TikTok en janvier «à faire souffrir» un opposant au gouvernement d’Alger, a été annulée par le tribunal administratif de Melun, a appris Le Figaro de source proche du dossier. Saisi en urgence, le juge a «enjoint à l’autorité préfectorale de réexaminer la situation de l’intéressé dans un délai de trois mois et de lui délivrer une autorisation provisoire de séjour durant le temps de ce réexamen», selon un communiqué du tribunal.

Le ministère de l’Intérieur va faire appel de cette décision. Cet appel sera non suspensif, nous indique-t-on. Beauvau compte également continuer la procédure d’expulsion, avec une saisie de la Commission départementale d’expulsion des étrangers (COMEX) prévue le 19 février prochain.

«Doualemn», de son vrai nom Boualem Naman, avait appelé sur TikTok à violenter un opposant au régime d’Alger. Âgé de 59 ans et résidant à Montpellier, il avait été placé en garde à vue avant de ressortir libre avec une convocation pour son procès, prévu le 24 février. Les autorités avaient finalement décidé d’expulser Doualemn vers l’Algérie dans le cadre d’une procédure d’urgence, le 9 janvier. Mais le pouvoir algérien, refusant cette expulsion, avait renvoyé l’influenceur en France. Bruno Retailleau avait alors dénoncé une volonté «d’humilier la France».

Fortes tensions

Le 29 janvier, le tribunal administratif de Paris avait estimé dans une décision que la procédure d’expulsion d’urgence mise en place par l’Intérieur était insuffisamment motivée, alors que «Doualemn» vit sur le territoire français depuis 15 ans, avec ses deux enfants et sa compagne française. Le tribunal ne s’était toutefois pas opposé à une expulsion de l’influenceur dans le cadre d’une procédure standard, au délai pouvant être long de plusieurs mois.

Si la place Beauvau avait décidé de ne pas faire appel de ce rejet, une OQTF a toutefois été émise à l’encontre de l’influenceur, qui a en outre été maintenu en rétention au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne). La Commission départementale d’expulsion des étrangers (COMEX) se réunira ainsi le 19 février prochain pour examiner le profil de l’influenceur et statuer d’une éventuelle expulsion. Il s’agit d’une nouvelle étape dans le feuilleton qui oppose de nombreux influenceurs algériens au ministère de l’Intérieur français, dans un contexte de fortes tensions entre Alger et Paris.