Après un bilan carbone décevant, Emmanuel Macron veut «remobiliser» sur l’écologie
Faire le point et aller plus loin. Le président Emmanuel Macron réunit lundi matin une quinzaine de ministres pour un conseil de planification écologique, le premier depuis septembre 2023. L’objectif, assure l’Élysée, « faire le bilan » et « acter d’une forme de remobilisation du gouvernement et du premier ministre » qui a la charge de la planification écologique.
Car les chiffres ne sont pas franchement bons. Le Citepa, chargé de l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre de la France, a publié vendredi les résultats de son baromètre pour l’année complète 2024. Il indique qu’après un recul encourageant en 2023 (-5,8 % par rapport à 2022), la baisse des émissions ralentit fortement en 2024, avec une réduction de seulement 1,8 % par rapport à l’année précédente.
Dans le cadre de l’accord de Paris qui vise à contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels » - voire si possible 1,5°C - la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050. Avant cela, en accord avec l’objectif européen, elle vise une réduction de ses émissions brutes de 50 % entre 1990 et 2030. Cela implique une réduction moyenne de 4,7 % par an. « Il est nécessaire que la baisse des émissions reprenne plus significativement l’an prochain », prévient ainsi le Citepa. À l’Élysée, on concède «un léger ralentissement de la baisse des émissions»... tout en rappelant que depuis 2018, «l’objectif de doubler le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre notre objectif 2030 a été tenu».
«Le grand principe sous-jacent, c’est l’électrification»
Parmi les secteurs à la traîne, celui des transports (représentant 33 % des émissions nationales) qui enregistre une baisse de seulement 0,9% en 2024, et celui des bâtiments (-1,1%), qui pâtit notamment de «la baisse de 40% du nombre de rénovations énergétiques» en lien «avec les évolutions du dispositif MaPrim’Renov courant 2024», selon l’organisme indépendant.
L’idée, c’est donc de «regarder ce qui fonctionne bien et, dans les deux secteurs où nous n’allons pas assez vite, quelles sont les mesures que nous pouvons prendre », a expliqué la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher vendredi matin sur TF1. «Il y a un certain nombre de dispositifs qui existent et qui pourraient éventuellement être amplifiés», avance-t-on du côté de l’Élysée, sans en dire davantage sur ce qui pourrait être annoncé lundi.
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Du côté des ONG, on attend «des propositions fortes» avec «de vraies solutions pérennes pour les ménages qui ont du mal à boucler leur fin de mois», indique à l’AFP Anne Bringault, directrice des programmes du Réseau Action Climat, qui regroupe de nombreuses ONG. Sachant que dans le cadre des coupes budgétaires, l’enveloppe dédiée au bonus censé encourager l’achat de voitures électriques est par exemple passée de 1,5 milliard à 700 millions d’euros. Quant au dispositif de «leasing social» qui proposait une location de véhicule électrique à environ 100 euros par mois, victime de son succès, il n’a duré que trois semaines début 2024.
«Le grand principe sous-jacent derrière cette planification», c’est l’électrification, martèle-t-on à l’Élysée, la production d’électricité étant majoritairement décarbonée en France. On assure aussi que la stratégie de planification écologique est «parfaitement cohérente avec la stratégie industrielle, tout l’enjeu étant d’arriver à faire en sorte que la France et l’Europe se positionnent sur les marchés des biens décarbonés de demain».
Lors du précédent conseil de planification écologique en septembre 2023, Emmanuel Macron avait défendu une «écologie compétitive» ; il avait notamment annoncé 700 millions d’euros de l’État pour bâtir 13 RER métropolitains et fixé l’objectif de produire «un million de pompes à chaleur» par an dans le pays d’ici 2027.